S’indigner et après ?

Voici venu, comme une mode et comme les pâquerettes au printemps, le temps de l’indignation. Mais comme on dit, trop d’indignation peut tuer l’indignation, car les sujets d’indignation sont sans fin et dépendent de notre sensibilité.

 Je peux comme Éric Cantona m’indigner à propos des mal-logés, mais je peux aussi m’indigner à propos des familles Roms que l’on expulse, des oies que l’on gave, des moutons que l’on égorge vivants, des oiseaux qui tombent du ciel foudroyés, ou des jeunes qui tombent d’un coup de poing américain ou d’un coup de couteau…

Surtout, l’indignation est-elle indispensable pour s’engager dans un combat ? Les philosophes des Lumières ont-ils eu besoin de s’indigner pour remettre en cause l’ordre établi ? Les résistants ont-ils eu besoin de s’indigner pour se battre contre la Gestapo et la Wehrmacht ? Ai-je besoin de m’indigner pour m’engager à 24 ans dans le service civique volontaire, et partir aider les haïtiens avec les scouts de France ?

En outre l’indignation qui est d’ordre émotionnel nous permet-elle d’être tout à fait lucides ? Et pour mener à bien dans la durée un combat, vaut-il mieux être indigné ou parfaitement lucide ?

L’indignation actuelle n’est-elle pas une sorte de thérapie collective qui nous défoule et nous donne bonne conscience ? Car ce qui compte vraiment, c’est ce qui se passe après l’indignation, c’est à dire, soit un engagement pour une cause bien précise qui en vaut la peine, ce qui demande du courage, soit au moins des propositions réalistes pour changer les choses, ce qui demande un minimum d’analyse et de compréhension des faits.

“Devant les affections humaines, ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas s’indigner, mais comprendre” disait Spinoza. Parions que les indignés dans leur immense majorité, vont se contenter d’être indignés et de dormir bien tranquilles (cf. l’indignation et la Révolution selon Cantona…)

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1 réponse à S’indigner et après ?

  1. Renate dit :

    Il est peut-être mieux de s’indigner et de dormir tranquille que d’être indifférent aux événements. Aujourd’hui, les sujets d’indignation sont tels qu’il me paraît difficile de s’engager pour chaque cause. Les nouvelles vont tellement vite, les médias nous abreuvent de tant de sujets qu’aussitôt on baisse les bras car le lendemain, d’autres sujets plus importants surgissent et on je parle déjà plus de ce qui s’est passé la veille. En tout cas, l’indignation est déjà une bonne réaction, elle peut faire son chemin dans la tête et finalement aboutir à un engagement précis.

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