Cher Dominique,
Nous te remercions du fond du cœur, car imagine notre humiliation, si ce qui t’est arrivé le 14 mai était arrivé après ton érection… pardon ton élection en 2012. Tout à fait entre nous et quelques soient les dessous (!) de cette affaire, pour se faire couillonner, il faut comme on dit, un couillon. Et pour tomber dans un piège (si piège il y a), il faut être tout près de lui.
Nous pourrions dire aussi que tu as oublié la première des vertus qui est selon Aristote, la prudence. Qu’aurions-nous dit d’un président aussi imprudent ? Mais là n’est pas le plus important. Nous te remercions surtout de nous faire réfléchir sur ce qu’est le plaisir, qui est comme tu le sais, très différent de la joie et du bonheur.
“Le plaisir¹ est une question de rencontre. Il est une possibilité de sentir trouvant son accomplissement par la rencontre d’un corps, d’un élément, d’une substance. Il n’est question que de cela dans le plaisir, de sensations agréables, douces, inouïes, délicieusement inconnues, sauvages… C’est toujours du ressentir et toujours provoqué par une rencontre, par ce qui vient confirmer, du dehors, des possibilités inscrites dans notre corps. Le plaisir est la rencontre du bon objet : celui qui fait s’épanouir une possibilité de sentir”
“La particularité maudite du plaisir, très souvent relevée, c’est que la répétition en décroît l’intensité. Le bon objet qui m’a comblé, je le consomme avec un plaisir renouvelé une seconde fois, et peut-être même plus fort parce que, m’y préparant, je me mets en posture d’apprécier. Je m’attache à ne manquer aucune dimension, à le goûter dans toute sa plénitude. Une troisième fois, une quatrième : les sillons sont tracés, et cela devient du connu, du reconnu”
“C’est la même chose, le même fruit, le même vin, le même contact, mais il a trouvé sa place en pointillés dans mon corps : il ne le creuse plus en le traversant. Car ce qui est recherché dans le plaisir, c’est bien cette intensité : Ce moment où les facultés de sentir sont débordées, éveillées, bousculées, prises à parti. Avec la répétition, tout devient plat : c’est du réchauffé, rabâché, toujours pareil”
Et le prochain plaisir devra être plus fort, plus excitant, plus planant. D’où une double stratégie, la quantité ou la diversité. Soit on augmente les doses, soit on change les genres : On trouve d’autres types de femmes, d’autres couleurs de peau, d’autres endroits, d’autres moments, d’autres pays, d’autres formes, d’autres âges… (fais attention quand même)
Voilà cher Dominique, tout est dit. Quand rentres-tu en France ? Ton fan-club de vieux matous t’attend avec gourmandise et maman Anne est impatiente de ramener son garçon à la maison, après ses grosses bêtises. En attendant les prochaines… Reviens-nous vite ! Tu as maintenant tout le temps pour méditer ce que l’on disait de l’imprudent Fouquet (surintendant des finances de Louis XIV) le 18 août 1661 : “A 6 heures du soir il était tout, à 2 heures du matin, il n’était plus rien”
Cher Henry,
Je vois que tu as une haute opinion de notre futur ex-président.
De plus les Champs-Elysées sont tout proches. En se baladant un peu, il en trouverait de toutes les couleurs… Comme quoi les goûts et les couleurs !
Il sera accueilli en grandes pompes, rue de Solférino, probablement. A suivre…
Merci de ton commentaire. Le couple Sinclair-DSK représente tout ce qui est détestable par les temps qui courent : L’argent facile et ostentatoire, une petite cour de bobos béats d’admiration, l’écart affiché entre des positions et ce que l’on vit au jour le jour, un homme-enfant repoussant sans fin ses limites pulsionnelles (même pas peur), une femme-mère qui est dans la surprotection (lui faisant, elle laissant faire), les deux enfermés dans leurs fantasmes et se tirant mutuellement vers le bas sans rien voir venir… jusqu’à la chute. C’est Bonnie and Clyde sans les revolvers. Cela pourrait aussi être une très émouvante tragédie grecque ou shakespearienne.