Majorités citoyennes ?

La philosophie n’est pas toujours instructive et Cynthia Fleury (Le Monde, 24 octobre) nous en donne une (belle) illustration. Les “majorités qualifiées citoyennes, notamment les réseaux sociaux” peuvent-elles vraiment prendre en compte les enjeux et la complexité des sociétés qui viennent : Prolifération nucléaire, terrorisme international, dérèglements monétaires, chocs dus à la mondialisation, risques posés par les dettes souveraines, financement des retraites et de la dépendance, communautarisme, intégration de l’Islam, immigration…?

Notre philosophe ne se pose même pas la question de savoir, si la fragmentation des points de vue accélérée par le Net, n’empêche pas justement la formation de ces majorités qualifiées. Rien n’aurait donc changé depuis Montesquieu et les Lumières !

Par exemple, incapable dans son système de pensée, d’expliquer le regain actuel des partis populistes, Fleury s’en tire par une pirouette “Ce n’est pas parce que ça se passe, que c’est vrai !” ; Certes, au sens platonicien, les manifs dans les rues pour la réforme des retraites étaient sans doute fausses.

Mais contrairement à ce bla-bla théorique et optimiste, les mouvements populistes sont peut-être l’avant-garde de quelque chose de profond et d’inquiétant : Les majorités citoyennes ne sont-elles pas en train de s’en remettre à des idéologies simplistes, précisément parce qu’elles sont dépassées par la complexité et angoissées par les enjeux à venir ? La démocratie existera-t-elle encore dans cinquante ans ? Où et sous quelle forme ? C’est le genre de question et de réponse que l’on attend d’une authentique pensée philosophique. On attendra.

Publié dans Le Monde du 15.11.2010
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1 réponse à Majorités citoyennes ?

  1. Guy VIALLE dit :

    Allons plus loin dans la questionnement, “majorité citoyenne” voudrait-il exprimer que les minorités ne le seraient pas ? Ne sommes-nous pas victimes d’un “enrichissement” des slogans politico-médiatiques du type l’Ordre juste”, l’égalité réelle”, à chacun selon ses besoins ?
    Les mouvements populistes sont des symptômes d’un malaise général ou d’un mal être général. La démocratie est sans doute menacée et au-delà la France telle qu’elle est aujourd’hui. Les fondements de la démocratie française ne sont-ils pas rongés par, n’ayons pas peur des mots, la PRÉDATION généralisée en toute impunité. Quelques chiffres : 2 à 3 milliards d’euros de fraude aux allocations familiales, 55.000 occupants de logements sociaux sur l’Ile de France dont les revenus dépassent 11.000 euros mensuels, 300.000 cambriolages et 600.000 vols de véhicules annuellement, des dirigeants de grandes sociétés et banques en particulier qui se font octroyer des retraites chapeau dont l’indécence n’a d’équivalent que leur montant, des bonus pour certains qui confisquent une partie des résultats des entreprises au détriment de l’ensemble du corps social, des aides sociales distribuées généreusement à des bénéficiaires qui utilisent toutes les “ficelles” possibles la plupart du temps assistés par des associations dont la vertu n’est pas la qualité majeure.
    Bien sûr, il y a encore des contributeurs citoyens qui par leur activité permettent cette situation. La tolèrent-ils ? De plus en plus mal, dans ces conditions la minorité largement contributrice a-t-elle un silence citoyen ?

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