Autopsie d’une crise

Quand le niveau de vie en France est trop élevé par rapport à la richesse produite et que le pouvoir d’achat est financé à crédit,

Quand la dette du pays : plus de 2.300 milliards d’euros, soit 35.000 euros par habitant (y compris donc votre fils et votre petite-fille de trois mois) empêche de s’endetter plus,

Quand le service de la dette, c’est à dire les intérêts annuels versés à ceux qui nous prêtent de l’argent pour faire nos fins de mois, payer nos fonctionnaires et verser nos prestations sociales, atteint 42 milliards d’euros, l’équivalent du budget de l’Éducation Nationale.

Quand la faible croissance : 1,5% une des plus faibles d’Europe, diminue les rentrées fiscales (moyen naturel d’alléger la dette), freine la mobilité économique et sociale et rend tout plus compliqué,

Quand le nombre de retraités (16 millions) augmente plus vite que le nombre de travailleurs (27 millions) entraînant une augmentation continue des charges salariales (7% dans les années 60, 22% aujourd’hui) qui ne financent plus que les 2/3 des pensions,

Quand aucun gouvernement, y compris l’actuel, n’a eu le courage de faire passer l’âge de départ en retraite à 65 ans (actuellement 62 ans hors régimes spéciaux), comme la plupart des pays d’Europe,

Quand 4,5 millions de Français vivent de minima sociaux et quand 3 millions de chômeurs vivent d’allocations,

Quand les dépenses de santé (2° poste du budget de l’État) explosent avec l’allongement de la durée de vie,

Quand la stagnation de la productivité des entreprises rend les augmentations de salaire difficiles (quand la productivité du travail augmente, les entreprises peuvent augmenter les salaires sans toucher à leurs réserves, à leurs profits et donc à leurs investissements),

Quand le déficit commercial s’élève à 62 milliards d’euros, c’est à dire que nous importons par an 62 milliards de plus de biens que nous n’en exportons, signe d’un dramatique manque de compétitivité des entreprises françaises,

Quand la France est comme un ménage ou une famille qui vit au-dessus de ses moyens depuis 43 ans (1975, dernier budget à l’équilibre) et qui dépense plus qu’elle ne gagne (production intérieure brute),

Quand le manque de culture économique de la majorité des Français et de la plupart des syndicats, rend tout cela illisible et incompréhensible à leurs yeux. Combien de Français savent par exemple, que leur pouvoir d’achat est financé à crédit et qu’on ne peut pas augmenter les salaires sans hausse de la productivité du travail, sauf à augmenter les prix, à puiser dans ses réserves, à augmenter les impôts… à d’endetter ? Et que cela est valable pour un fabriquant de voitures, un restaurant, un centre de formation, un hôpital, un ministère, une mairie, un commerce, une école, une crèche…

Quand le ras-le-bol fiscal qui ne date pas d’aujourd’hui, rend impossible toute nouvelle hausse d’impôts et de taxes, la pression fiscale française (48% de la richesse produite) étant la plus forte d’Europe, au-dessus même du Danemark ex champion d’Europe,

Quand 60 % du budget des plus modestes est absorbé par les dépenses contraintes (logement, assurances, remboursement d’emprunts, cantines, forfaits téléphoniques et audiovisuels…) et que la fiscalité verte devient pour eux insupportable,

Quand (au 1° décembre) les doctrines d’intervention des forces de l’ordre en sont restées au maintien de l’ordre (comme on disait pendant la guerre d’Algérie) et ne se sont pas encore adaptées à la guérilla urbaine et quand le renseignement focalisé à raison sur le terrorisme, ne s’est pas assez occupé des groupes radicaux de l’ultra gauche et de l’ultra droite,

Quand Facebook,  Twitter, YouTube relayent les fausses nouvelles, les théories complotistes et les rumeurs les plus délirantes (le président aurait vendu la France à l’ONU pour accueillir des millions de migrants !), confortent les gens dans leurs certitudes et non dans l’échange contradictoire de points de vue et poussent à la surenchère permanente, accentuant une violence qui couve et qui ne demande qu’à exploser,

Quand ce qui arrive n’arrive jamais par hasard…

Espérons que notre jeune président saura transformer cette crise en opportunité, puisque comme disaient nos anciens : “À toute chose, malheur est bon”…

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3 réponses à Autopsie d’une crise

  1. VIALLE GUY dit :

    J’aurais bien ajouté à cette liste, oh combien pertinente, les points suivants :
    – Quand l’État providence a créé le citoyen prédateur, cf. les retraites chapeau des grands dirigeants dont certains ont mis les entreprises en grande difficulté, l’absentéisme insupportable dans le personnel fonctionnaire, les rémunérations fondées sur les attributs et non sur les contributions… alors les défis à relever sont immenses.
    Quand l’ensemble des journalistes et beaucoup d’économistes considèrent que les mots inégalités et injustices sont synonymes, alors le débat citoyen est mal parti.

  2. sempere dit :

    Analyse brillante et combien juste. Merci ! Je partage

  3. Gilbert Sotto dit :

    Et ce n’est qu’un début. La vraie crise de la France et de l’Europe du Sud est devant nous.

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