La conversation est un art

Un “art” est issu d’une habileté, d’un savoir-faire, d’un procédé, d’un talent particulier.
Il produit une œuvre unique qui selon les sensibilités va surprendre, mettre en délectation, étonner, ravir…

“J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts” disait Stendhal en 1817, pris de vertige devant les fresques de la chapelle Niccolini à Florence.

On dit que la conversation est un art, un art du récit, parce qu’une conversation réussie va surprendre, mettre en joie, ravir, comme le ferait une bonne pièce de théâtre.
Mais la conversation est aussi un art de la juste mesure, car une bonne conversation vient toujours, comme dans la bonne cuisine, d’un bon dosage et d’un bon équilibre.

Il faut des compliments mais pas trop, il faut des questions mais pas trop, il faut des échanges mais pas trop, il faut de la légèreté mais pas trop.

Des traits d’esprit, oui mais pas trop,
De l’humour, oui mais pas trop,
Des anecdotes, oui mais pas trop…

Cela demande une vraie sensibilité, une vraie habileté et une vraie maîtrise.

Voilà pourquoi la conversation est un art. Mais un art de tous les jours.

Comme une manière de vivre au quotidien qui illumine et ensoleille nos rapports, et qui devrait être encouragée dès l’enfance.

Car le “vivre ensemble” ne commence-t-il pas par la conversation ?

cf. Henry Ranchon, Abécédaire décontracté de la conversation.
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Saisir sa chance, ça s’apprend !

Non ! La chance n’est pas qu’une question de pur hasard. Etre un sacré veinard ou un loser chronique dépend aussi de notre volonté et d’une façon de percevoir le monde Nous nous trompons quand nous considérons la chance comme un élément extérieur et non voulu et suscité.

Nous avons pris l’habitude de décrire la chance comme arbitraire et capricieuse. Face à elle, nous avons adopté une attitude passive et nous avons fini par croire qu’elle nous tombait dessus en nous choisissant. Nous nous sommes forgé une vision romanesque de la chance et en avons fait une composante magique de notre réussite ou notre absence de réussite.

Alors que la chance est une compétence de vie que chacun peut apprendre à maîtriser et à cultiver pour la faire advenir au quotidien. En ce sens, elle est digne d’éloge.

Bien sûr, il y a toujours des coups de chance, rarissimes et impossibles, à prédire, capables de bouleverser nos vies en nous faisant soudain bénéficier d’un concours de circonstances favorables, sans que nous n’ayons rien fait pour le provoquer.

En revanche, la chance-de-tous-les-jours, ce mouvement régulier qui fait que certains hommes et femmes semblent davantage que d’autres collectionner et enchaîner les événements favorables, cette chance-là dépend directement de nous et de notre attitude face au monde.

Les veinards à répétition ne sont pas nés sous une bonne étoile, mais ont développé des réflexes qui leur permettent de fonctionner constamment “en mode chance”

Même si l’on ne peut pas faire l’impasse sur les conditions sociales et l’environnement d’un individu (les inégalités de destin), on constate que certains malchanceux chroniques ont une capacité troublante à gâcher toutes les opportunités qui se présentent à eux. Avec ces losers structurels, tout se passe comme si le logiciel de la chance était grippé. Les travailleurs sociaux connaissent bien ce phénomène qu’ils nomment l’abdiction et qui se traduit par une perte totale de confiance en soi, un sentiment d’impuissance face aux événements.

Et il y a un lien étroit entre l’optimisme et la chance. Face aux difficultés, un individu optimiste va instinctivement se focaliser sur ses propres forces, chercher des solutions, et faire confiance à l’avenir. Cette capacité à recycler positivement un coup du sort est l’un des ingrédients de la chance durable. À ce recyclage positif, il faut ajouter trois autres secrets de fabrication, trois principes d’action simples auxquels chacun peut s’entraîner.

Le premier, c’est l’intention préalable. Un hasard ne peut se transformer en coup de chance que si nous sommes préparés mentalement à son arrivée et que nous avons déjà réfléchi à l’orientation que nous pourrions lui donner.

Le second volet, c’est celui de la disponibilité intérieure. La curiosité, l’ouverture d’esprit, la capacité d’être attentif à ce qui nous entoure, permettent de faire apparaître des opportunités là où on ne les attendait pas.

Enfin, le dernier secret, et peut-être le plus important, c’est celui de la connexion. La chance véritable arrive grâce aux échanges et aux interactions que nous tissons avec les autres. Il faut entretenir son réseau de chance, en multipliant les rencontres, en acceptant les demandes inattendues, bref en créant un espace où pourront fleurir les occasions favorables.

L’une des caractéristiques des chanceux à répétition, c’est qu’il leur arrive aussi de ne pas avoir de chance, voire d’échouer lamentablement. Mais contrairement aux malchanceux chroniques, les chanceux semblent toujours savoir quoi faire quand cela leur arrive. Transformer l’essai des opportunités rencontrées, c’est aussi savoir recycler les revers et les coups du sort en autant d’ouvertures nouvelles.

L’acceptation et le savoir-perdre du malchanceux se transforment chez le chanceux en une sorte de “savoir-être-avec-les-difficultés”, étant entendu que pour celui qui vit en mode chance, celle-ci réside moins dans ce qui lui arrive que dans ce qu’il va faire de ce qui va arriver. Pour qui vit en mode chance, l’échec ou le coup du sort n’interrompent jamais brutalement le flux de la chance. Ils le ralentissent parfois, mais le réorientent toujours vers d’autres zones de possibilités et d’action.

Machiavel disait que la chance est moitié préparation, moitié fortune, c’est à dire provenant d’un heureux hasard.

D’après Philippe Gabilliet – “Eloge de la chance, ou l’art de prendre sa vie en main”
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L’activité physique contre la dépression des enfants et des ados

On connaît les effets protecteurs de l’activité physique contre la dépression de l’adulte. Une étude de l’université de Hongkong montre son intérêt pour agir sur celle des enfants et des adolescents. Des résultats bienvenus, d’autant plus que les troubles de l’humeur sont en hausse chez les jeunes, en raison notamment de l’épidémie de Covid-19, avec environ un adolescent sur six touché.

Dans cette étude, la pratique d’une activité physique, comme courir, sauter… en moyenne trois séances de 50 minutes par semaine, pendant au minimum quatre semaines, est associée à une réduction importante des symptômes dépressifs chez les participants âgés de 13 ans ou plus. Les plus de 13 ans, plus sédentaires et davantage touchés par les écrans, étant plus réceptifs que les jeunes enfants, qui, eux, peuvent être suffisamment actifs et donc moins sensibles à une activité physique additionnelle.

Comment l’activité physique agit-elle sur la dépression ? Si les mécanismes sont nombreux et pas toujours élucidés, il est établi que, chez l’adulte, bouger favorise la libération de neurotransmetteurs cérébraux (sérotonine, dopamine, noradrénaline) qui augmentent la sensation de bien-être, activent le circuit de la récompense et réduisent le niveau de stress. Cela stimule aussi la circulation sanguine et la neurogenèse dans l’hippocampe. De surcroît, l’activité physique renforce l’estime de soi et les interactions sociales.

Chez l’adulte, il est établi que la présence de symptômes dépressifs est associée à un niveau de pratique inférieur aux recommandations sanitaires. Un constat confirmé chez les adolescents, dont 8 sur 10 n’atteignent pas le seuil des recommandations, les écrans étant montrés du doigt.

Les psychothérapies fonctionnent, mais elles sont difficiles d’accès, les délais de prise de rendez-vous sont très longs et elles sont rarement remboursées, ce qui est un vrai problème au regard de l’épidémie de dépression actuelle. Une prise de médicament est parfois nécessaire, la fluoxétine (Prozac) étant le seul antidépresseur autorisé, à partir de 8 ans. Dans ce contexte, l’activité physique (marcher, courir, sauter, nager, faire du vélo…) est le premier remède.

D’après Pascale Santi, Le Monde, mars 2023.
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Prévenir l’insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque survient quand le cœur n’est plus suffisamment puissant pour fournir au corps tout le sang et l’oxygène dont il a besoin. Le cœur travaille alors trop fort pour que le sang continue de circuler dans tout le corps.

Responsable en France de 165.000 hospitalisations par an et d’environ 70.000 décès, l’insuffisance cardiaque n’est pourtant pas, selon les cardiologues, une maladie difficile à diagnostiquer, et il existe des médicaments efficaces pour la quasi-totalité des pathologies qui en sont responsables.

Encore faut-il ne pas banaliser les premiers symptômes pour ne pas finir aux urgences. Chez un patient hospitalisé en urgence sur deux, des symptômes d’alerte sont survenus au moins deux semaines plus tôt. On sous-estime les symptômes qui révèlent une insuffisance cardiaque et on sous-estime sa gravité. « On », ce sont les patients mais aussi, parfois, les médecins.

“Il y a quatre signes d’alertes à connaitre. Les cardiologues les regroupent sous l’acronyme EPOF : Essoufflement, Prise de poids, Œdèmes, Fatigue”, explique le Pr Thibaud Damy, cardiologue et président du groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathie (GICC) de la Société française de cardiologie, qui vient de dévoiler les premiers résultats d’une étude éloquente.

Celle-ci montre qu’à l’évidence, ces signes ne sont pas connus du grand public. L’insuffisance cardiaque n’est pourtant pas une pathologie rare : officiellement, un peu plus d’un million de Français sont touchés, mais la réalité est probablement plus proche de 2 millions, estime le GICC, qui a réalisé en 2018 une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 à 80 ans.

Le GICC a demandé à 800 patients, qui avaient été hospitalisés à cause d’une insuffisance cardiaque dans l’année écoulée, s’ils avaient présenté ces signes avant l’épisode de décompensation (déséquilibre majeur d’une pathologie) qui les a conduits à l’hôpital.

Il s’avère que la moitié avait présenté des symptômes d’insuffisance cardiaque depuis au moins deux semaines, et même depuis plus de deux mois pour un tiers d’entre eux.
Mais quelqu’un qui est essoufflé pour des efforts modérés, qui a les pieds et les jambes qui gonflent, qui prend du poids et qui est fatigué ne pense pas tout de suite à l’insuffisance cardiaque. II devrait le faire pourtant, et son médecin davantage encore. Car l’insuffisance cardiaque se traite bien dans la très grande majorité des cas.

Quatre règles de vie simples, mais primordiales résumées par EPON : Pour Exercice physique, Prendre son poids, Observer les traitements prescrits, Ne pas trop saler.

Avoir chaque jour un peu d’activité physique entraîne le muscle qu’est le cœur. Se peser quotidiennement permet d’être vite alerté en cas de prise de poids rapide (2 ou 3 kg sur 3 jours, par exemple) qui peut signaler un œdème. Prendre régulièrement ses traitements, de même que ne pas trop saler en méfiant du sel caché.

Des règles de vie simples que tous les médecins recommandent. Pourtant, selon l’enquête du GICC, la moitié des patients n’en garde aucun souvenir…

D’après Damien Mascret, Le Figaro, septembre 2019.
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La conversation : Lien social en péril

Dans un monde de l’hyperconnexion, la conversation qui demande écoute et attention à l’autre, devient de plus en plus rare. Elle est souvent rompue par des interlocuteurs toujours là physiquement, mais qui disparaissent soudain après l’audition d’une sonnerie de leur portable ou dans le geste addictif de retirer ce dernier de leur poche dans la quête d’un message qui rend secondaire la présence de l’autre.

Ils regardent ailleurs et quittent l’interaction, abandonnant là leur interlocuteur qui reste les bras ballants, en se demandant que faire de ce temps d’effacement de la présence, ce moment pénible où on l’a éteint en appuyant sur la touche “pause” de l’existence. L’autre devant soi a moins d’importance que les autres virtuels, susceptibles de téléphoner ou d’envoyer un message.

Même le repas de famille, autrefois haut lieu de transmission et de retrouvailles, tend à disparaître. Chacun arrive à son heure et va chercher à la cuisine les plats achetés tout prêts au supermarché avant de s’abandonner à son écran personnel. Dans nombre de familles, le repas est une assemblée cordiale de zombies qui mangent d’une bouche distraite, peu attentifs au goût des aliments, dans l’indifférence à la proximité des autres, tous absorbés par leur cellulaire ou leurs écrans divers.

On comprend le succès des fast-foods en ce que leur tâche n’est pas de satisfaire le goût, mais de manger en toute indifférence, puisque ce sont d’abord les yeux qui se nourrissent de l’écran. Les restaurants renvoient la même image d’hommes ou de femmes qui, après de brèves minutes de congratulations mutuelles, disparaissent rapidement derrière leurs portables. Ils sont autour de la même table, mais seuls, les yeux captifs de leur écran, dans l’oubli de ce qu’ils mangent et du fait qu’ils sont censés être entre amis ou entre collègues.

La communication est dans l’impatience, la vitesse, le réflexe et non la réflexivité. Elle juxtapose les acteurs et elle ressemble le plus souvent au transfert de communiqués. A l’inverse, la conversation sollicite une disponibilité, une attention à l’autre, un échange, une flânerie, une intériorité, la valeur du silence et du visage, l’incertitude du cheminement.

Nous entrons dans une société fantomatique où, même dans les rues, les yeux sont baissés sur l’écran dans un geste d’adoration perpétuelle, et non plus ouverts sur le monde environnant. La plupart de nos contemporains sont aujourd’hui presque en permanence prosternés devant leur portable qui les pousse en avant ou les maintient dans une sorte d’hypnose sans fin qui les coupe de leur environnement immédiat. Ils parlent seuls, commentant souvent leurs faits et gestes. Ce qu’ils disent importe finalement peu.

Le portable est devenu partout autour de nous un cinquième membre, encore plus ou moins détachable avant qu’il ne soit greffé à une main ou à une oreille. On n’a jamais autant communiqué, mais jamais aussi peu parlé ensemble. Ce recours hypnotique au portable ajoute à l’hyperindividualisation de nos sociétés, il renforce l’indifférence aux autres autour de soi que l’on heurte parfois sur le trottoir tant l’attention est captive de l’écran.

Chacun désormais tend à faire un monde à lui tout seul. La réciprocité du visage-à-visage dans l’échange devient une exception. Nous sommes de moins en moins ensemble et de plus en plus les uns à côté des autres, dans l’indifférence ou la rivalité. Plus l’on communique et moins l’on se rencontre, plus l’autre vivant devant soi devient superflu.

Avant les gens se parlaient à la table familiale, au travail lors des pauses, au restaurant, dans les cafés, les transports en commun, sur le chemin du travail ou du domicile. Aujourd’hui, le téléphone en main, chacun, autour de la table ou en marchant avec les autres, consulte ses mails ou envoie un SMS, en distribuant les miettes de quelques mots de temps en temps. La connexion prend le pas sur la conversation.

Prenons l’engagement de sauver la conversation, qui ensoleille nos rapports au quotidien, facilite nos rencontres et rend vos vies plus intéressantes !

D’après D.Le Breton, Le Monde janvier 2023.
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