Les recherches à la croisée des chemins entre nutrition et neurosciences sont formelles : nos choix alimentaires influencent le fonctionnement de notre cerveau. D’où l’importance de sélectionner ce que l’on met dans son assiette…
“S’il ne représente que 2 % du poids du corps, notre cerveau consomme 20 % de son énergie et 40 % de son oxygène, il faut donc manger des aliments qui lui apportent le carburant dont il a besoin”, rappelle Christophe Lavelle, biophysicien, chercheur au CNRS et au Muséum national d’histoire naturelle.
Mais ce n’est pas tout : “Pour être performant, le cerveau a besoin d’éléments lui permettant d’y transporter l’oxygène et de former des neurotransmetteurs” ; Où les trouver ? Dans les oméga-3, dont l’acide docosahexaénoïque (DHA), l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide alpha-linolénique (ALA), que le corps ne peut pas synthétiser seul. On rencontre surtout ces acides dans les poissons gras (sardine, thon, saumon, hareng), qu’il est recommandé de consommer deux fois par semaine, mais aussi dans les noix, les amandes et les huiles végétales, en général.
“Le régime méditerranéen est celui qui présente les meilleurs résultats pour la santé du cerveau et la longévité”, ajoute Clémentine Bosch-Bouju, maîtresse de conférences en neurosciences et sciences des aliments à l’université de Bordeaux. “Il représente une alimentation diversifiée et équilibrée, composée principalement de poissons, d’oléagineux, de viande maigre, comme de la volaille, de fruits et légumes », confirme Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille.
Sans compter que ce type d’alimentation pourrait même retarder l’apparition du déclin cognitif et des maladies neurodégénératives, comme celle d’Alzheimer. “Une étude du département de nutrition de Harvard a montré en 2024 que consommer 7 grammes d’huile d’olive par jour – un produit phare du régime méditerranéen – réduit de 28 % le risque de décès lié à la démence, dont Alzheimer, par rapport à ceux qui n’en consomment jamais ou rarement, et cela indépendamment de la qualité du régime alimentaire” explique Philippe Amouyel, aussi directeur général de la Fondation Alzheimer. À l’inverse, “des régimes trop gras et sucrés peuvent engendrer un diabète de type 2, qui prédispose aux maladies neurodégénératives”, indique aussi Clémentine Bosch-Bouju.
Avec beaucoup de fruits et légumes, ce régime apporte également la dose nécessaire d’antioxydants pour protéger le cerveau. “Manger des fruits colorés, dont la pigmentation est signe de la richesse en antioxydants, est une excellente idée”, conseille Christophe Lavelle.
Mais attention, ces maximes ne doivent pas empêcher de se faire plaisir. “C’est une notion essentielle, d’autant que l’alimentation peut aussi affecter l’humeur”, rappelle Clémentine Bosch-Bouju. Christophe Lavelle recommande une consommation mesurée d’ingrédients aux effets euphorisants, comme le chocolat. “Le chocolat contient de la théobromine, un composé chimique qui permet au corps de sécréter de la sérotonine et de la dopamine, les molécules du bonheur !”