Richard Béliveau, directeur scientifique de la chaire en prévention et traitement du cancer à l’université du Québec, met en pièces nos idées reçues sur le cancer.
On n’attrape pas le cancer du jour au lendemain. Nous sommes tous porteurs de tumeurs, mais elles sont dans la majorité des cas invisibles, comme le sont des passagers clandestins.
Par exemple, lorsque se déclare un cancer du poumon, du sein ou du côlon à 60 ans, cela fait presque 50 ans qu’il sommeille en nous.
La seconde idée reçue est le caractère héréditaire des cancers alors qu’ils sont finalement très peu héréditaires. Même le cancer du sein que l’on croyait jusqu’alors très héréditaire, ne l’est pas : 95 % des cancers du sein ne présentent pas de mutations BRCA1 ou BRCA2, les deux gènes concernés par le cancer du sein.
Autre idée reçue : On ne pense jamais au tabac et à l’obésité comme facteur de cancer, mais toujours à la pollution ou au stress. C’est faux. Le stress comme facteur inducteur est un mythe, une légende. Mais au fond, c’est plus simple de penser cela. On fume, on boit, on est gros, mais tout va bien, c’est l’extérieur qui est en cause. C’est tellement plus facile que de se dire que le problème est en nous, de réagir et de changer notre mode de vie.
Quant à l’alibi de “L’oncle Armand” qui picolait, fumait comme un pompier, était gros, ne faisait pas de sport, mangeait n’importe quoi, passait ses journées au soleil et qui est mort tranquillement dans son lit, à 97 ans, il ne représente qu’une infime partie de la population.
Quelques personnes dotées de super-gènes qui ont une tolérance exceptionnelle aux cancers. Comme il existe une toute petite minorité d’individus qui ont des gènes trop fragiles pour les protéger du cancer. Mais ce n’est pas le cas général.
On s’imagine souvent quand un cancer arrive, que le sort s’abat sur nous, que la vie n’est qu’un terrible jeu du hasard. Mais cela ne concerne que 1/4 des cancers. Les 3/4 restants peuvent être évités grâce à une bonne prévention. Le problème est que la prévention est méprisée, dans une société qui choisit la jouissance et le plaisir immédiat.
Il est aujourd’hui possible de regrouper l’ensemble des connaissances disponibles sur la prévention du cancer sous la forme de 10 grandes recommandations.
1. Ne pas fumer (ou arrêter le plus tôt possible) ; Cancers concernés : poumon, vessie, pancréas.
2. Limiter la consommation quotidienne d’alcool à deux verres pour les hommes et un verre pour les femmes. Cancers concernés : sein, cavité buccale.
3. Limiter sa consommation de viande rouge (bœuf, agneau, porc…) à 500 grammes par semaine et la remplacer par du poisson, des protéines végétales ou des œufs. Cancers concernés : côlon, sein, pancréas.
4. Manger une grande variété de fruits, de légumes, de légumineuses et d’aliments à base de grains complets. Cela devrait constituer les 2/3 d’un repas, complété par des protéines animales. Cancers concernés : tous.
5. Surveiller son poids. L’idéal est un indice de masse corporelle (poids/taille²) entre 21 et 23. Éviter les boissons gazeuses, les aliments très caloriques, très gras ou très sucrés. Cancers concernés : côlon, prostate, sein, utérus.
6. Être actif physiquement au moins 30 minutes par jour. Passer plus de 7 heures par jour devant la télévision augmente de 22 % le risque de mourir d’un cancer. Cancers concernés : côlon, sein, prostate.
7. Limiter la consommation d’aliments contenant beaucoup de sel. Plus de 75 % du sel absorbé est consommé involontairement car il est présent dans les aliments industriels. Cancer concerné : estomac.
8. Éviter de s’exposer au soleil. Rester à l’ombre, porter des vêtements couvrants ou appliquer une crème solaire avec un fort indice de protection. Cancers concernés : peau.
9. Ne pas prendre de compléments alimentaires. De nombreuses études démontrent qu’il est bien plus efficace d’avoir une alimentation saine et variée. Cancers concernés : tous.
10. Suivre à la lettre les recommandations précédentes pour les personnes ayant déjà eu un cancer.
Et l’application de ces recommandations est valable à tout âge, même à un stade avancé de la maladie. Avec le tabac, c’est spectaculaire. Les personnes qui continuent de fumer après un diagnostic de cancer du poumon ont un risque de décès 76 % plus élevé que celles qui arrêtent. De la même manière, les femmes qui continuent de fumer après un cancer du sein ont trois fois plus de chances de mourir prématurément que celles qui arrêtent. Et ce, quel que soit l’âge de la patiente.
Rappel : Les 6 végétaux boucliers (pas forcément bios, mais pas moins de 2 portions par semaine) :
- Légumes crucifères (brocoli, choux, navet, radis, rutabaga…) : Cancer de la vessie, risque -50 %. Cancer des poumons, risque -40 %.
- Fruits acides (citron, orange, pamplemousse…) : Cancer de l’estomac, risque -39 %.
- Légumes verts : Cancer du sein, risque -30 %.
- Baies (tomate, raisin, myrtille, cassis, fraise, açaï…) : Cancer du sein, risque -31 %.
- Noix : Cancer du pancréas, risque – 35 %.
- Thé vert : Cancer colorectal, risque – 57 %.
Et ne pas oublier le vin rouge (que recommandait déjà Pasteur) qui protège des maladies cardio-vasculaires et bloque certains cancers (thyroïde, reins, rectum..) ; Allons, on peut donc garder un peu d’espoir…
L’analyse est excellente et utile mais j’ajoute qu’il faudrait autant que possible manger des “fruits/légumes/graines” sans trop de :
Pesticides, engrais chimiques, mutations génétiques…
De même pour le vin rouge,on a trouvé jusqu’à 320 pesticides différents dans une bouteille de bon Bordeaux bien de chez nous.
Quant au poisson, s’il est d’élevage (aux farines animales) ou de la mer du Nord ou de la Baltique,mieux vaut s’abstenir.
En fait dans nos sociétés “développées” ou la nourriture est abondante,chère et “marketée” nous ignorons souvent que nous souffrons en fait de malnutrition
Il y a beaucoup de commentaires sur le cancer et ses origines, beaucoup de conseils sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Une chose est certaine : l’aspect génétique semble essentiel. Chacun pourra le constater dans son propre entourage.
Une fois que l’on a reconnu qu’il y a une minorité de gens qui a des super gènes et qu’une autre minorité a des gènes fragiles, reste la question que pose Béliveau : Que peut et doit faire l’immense majorité qui reste ?