Ce n’est certes pas une statistique de nature à remonter un moral que le passage à l’heure d’hiver a déjà tendance à plomber, mais elle a le mérite de fournir de la matière aux deux grands débats qui agitent en ce moment le pays : l’immigration et les retraites.
Selon l’Insee, 596.552 décès ont été recensés l’année dernière en France métropolitaine, soit le nombre le plus élevé depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Non seulement on meurt de plus en plus en France, mais on y naît aussi de moins en moins : 719.737 bébés sont nés en métropole en 2018, soit 82.487 de moins qu’en 2010. À l’exception des années 1993 et 1994, jamais les Français n’avaient aussi peu procréé, depuis 1946.
Conséquence : la différence entre les nombres de naissances et de décès, s’est établi à 123.185 en 2018, soit son plus bas niveau depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Tout cela met sérieusement à mal la réputation d’une France qui, à l’inverse de l’Allemagne, serait démographiquement dynamique et donc largement à l’abri des problèmes de vieillissement. La réalité est tout autre, elle montre une France qui prend des rides : les plus de 65 ans représentaient 13 % de la population en 1985, 16 % en 2000, 20 % en 2018, proportion qui devrait monter à 23 % en 2030.
Il faut que le niveau en mathématiques ait encore plus baissé en France que ne l’indiquent les enquêtes internationales pour expliquer, comme M.Le Pen, JL.Mélenchon ou P.Martinez, que cette transformation démographique ne pose absolument aucun problème pour le financement futur des retraites et du système de santé.
Il faut aussi que les pulsions xénophobes soient fortes chez nombre de nos concitoyens pour leur faire perdre à ce point tout bon sens financier et qu’ils soient persuadés, contre l’évidence démographique, que la France n’aura pas besoin d’immigration à l’avenir, pour faire tourner son économie et pour payer les soins d’une population vieillissante et de plus en plus coûteuse pour la collectivité (la dépense publique pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes devrait passer de 1 % du PIB actuellement à 2 % en 2060). Sur le plan strictement économique, la question de l’immigration ne consiste pas à savoir à quel niveau la réduire, mais au contraire de combien l’augmenter.
Tous ceux qui réclament aujourd’hui qu’on ferme les frontières à double tour pour se protéger des invasions migratoires, pourraient bien déplorer dans quelques années, quand ils iront dans un Ehpad pour y finir leurs jours, le manque de personnel et regretter que des aides-soignantes venues de Bulgarie, du Pakistan ou du Sénégal ne soient pas là pour s’occuper d’eux.