Appauvrissement de la biodiversité et nouveaux virus

Nous envahissons les forêts tropicales et autres paysages sauvages, qui abritent tant d’espèces animales et végétales et au sein d’elles, tant de virus inconnus. Nous coupons les arbres, nous tuons les animaux ou les envoyons sur des marchés. Nous perturbons les écosystèmes et privons les virus de leurs hôtes naturels. Quand les virus ont besoin d’un nouvel hôte, c’est souvent nous” – David Quammen, journaliste scientifique 2012.

“Les trois quarts des maladies émergentes affectant les humains sont des zoonoses, des maladies transmises par des animaux. Parmi ces pathogènes, le virus Marburg, apparu en Allemagne en 1967, Ebola, détecté pour la première fois en 1976 au Zaïre et en République démocratique du Congo, le virus du Sida, découvert en 1981, Hendra, identifié en Australie en 1994, le virus SARS, responsable du syndrome respiratoire aigu sévère en 2002, en Chine, le coronavirus du syndrome respiratoire MERS-CoV en 2012″ – Kate Jones, chercheuse britannique, 2008.

“Déforestation, conversion des terres agricoles et intensification, ces changements rapprochent les populations de la faune sauvage. Lorsque la forêt tropicale profonde n’était pas exploitée, personne ou presque n’était exposé au risque de contracter un pathogène. Avec la déforestation en Asie, au Brésil ou en Afrique, des individus ont été exposés massivement à ces nouveaux aléas microbiologiques” – J.F Guégan (IRD)

Dans les écosystèmes riches, de nombreuses espèces, quand elles sont confrontées à un virus, peuvent le détruire ou ne pas le reproduire. Elles jouent un rôle de rempart. En appauvrissant les écosystèmes, on se prive des fonctions essentielles qu’elles exercent, qui sont celles de barrières naturelles ou encore d’épurateurs des écosystèmes.

Les espèces qui subsistent dans les écosystèmes les plus pauvres, tels un champ de la Beauce ou une ville bétonnée, sont souvent les plus prolifiques et les plus permissives pour les différents micro-organismes : des rongeurs ou certains oiseaux, plus susceptibles de contracter un pathogène et de le transmettre aux humains.

Si la diversité génétique permet d’offrir moins de prise aux pathogènes, l’élevage intensif favorise le phénomène inverse, en entraînant une simplification génétique et une uniformisation des espèces à de vastes échelles.

À ces éléments s’ajoutent une économie mondialisée et une population toujours davantage concentrée dans de gros centres urbains, à proximité de la faune. Autant de facteurs qui contribuent à faire qu’un virus comme le CoV-2, apparu sur un marché chinois, ait provoqué trois mois plus tard une pandémie mondiale.

Pour tous ces chercheurs, une prochaine pandémie est inévitable.

D’après Le Monde, avril 2020.
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