Par les temps qui courent, il est bon de se réchauffer au soleil d’Austerlitz qui brilla à l’aurore du 2 décembre 1805, il y a 214 ans.
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Napoléon décide le 23 août de faire pivoter la Grande Armée, qui campe à Boulogne, vers le Rhin. Le 29 août, 150.000 fantassins, 40.000 cavaliers et 350 canons déferlent vers l’Allemagne avec une rapidité et une précision sidérantes : chaque unité a un itinéraire et des lieux d’étapes précis à respecter. Cette marche forcée (jusqu’à 40 km par jour) a pour but d’atteindre Vienne avant que les Russes ne rejoignent les Autrichiens. “La vitesse, c’est mon arme” disait l’empereur…
Le 26 septembre, après trois jours de repos, les 7 torrents (pour les 7 corps de la Grande Armée) traversent le Rhin en direction de la Bavière envahie. Le 21 novembre, Napoléon arrive à Austerlitz, à 100 km de Vienne.
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“Il dit, en galopant sur le front de bandière :
Soldats, il faut finir par un coup de tonnerre !
Il va, tachant de gris l’état-major vermeil.
L’armée est une mer ; il attend le soleil.
Il le voit se lever du haut d’un promontoire.
Et, d’un sourire, il met ce soleil dans l’Histoire !” Edmont Rostand, L’aiglon
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Bulletin de la Grande Armée, proclamation de l’empereur, camp impérial d’Austerlitz, le 12 frimaire an XIV :
“Soldats ! Je suis content de vous !”
“Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire”
“Une armée de 100.000 hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée”
“Ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de 30.000 prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre”
“Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc, et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette Troisième Coalition a été vaincue et dissoute”
“La paix ne peut plus être éloignée ; mais, comme je l’ai promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses à nos alliés”
“Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiais à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux. Mais dans le même moment nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avilir !”
“Et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis ! Projets téméraires et insensés que, le jour même de l’anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus !”
“Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre”
“Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France. Là, vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes”
“Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire, “J’étais à la bataille d’Austerlitz”, pour que l’on réponde : Voilà un brave”
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Dix mois plus tard, le 27 octobre 1806, après la défaite prussienne à Iéna, les sept corps d’armée en grandes tenues, précédés par les mameluks et au son de la marche consulaire, entraient dans Berlin par la Charlottenburg, sous les acclamations d’une foule immense…