L’insuffisance cardiaque survient quand le cœur n’est plus suffisamment puissant pour fournir au corps tout le sang et l’oxygène dont il a besoin. Le cœur travaille alors trop fort pour que le sang continue de circuler dans tout le corps.
Responsable en France de 165.000 hospitalisations par an et d’environ 70.000 décès, l’insuffisance cardiaque n’est pourtant pas, selon les cardiologues, une maladie difficile à diagnostiquer, et il existe des médicaments efficaces pour la quasi-totalité des pathologies qui en sont responsables.
Encore faut-il ne pas banaliser les premiers symptômes pour ne pas finir aux urgences. Chez un patient hospitalisé en urgence sur deux, des symptômes d’alerte sont survenus au moins deux semaines plus tôt. On sous-estime les symptômes qui révèlent une insuffisance cardiaque et on sous-estime sa gravité. « On », ce sont les patients mais aussi, parfois, les médecins.
“Il y a quatre signes d’alertes à connaitre. Les cardiologues les regroupent sous l’acronyme EPOF : Essoufflement, Prise de poids, Œdèmes, Fatigue”, explique le Pr Thibaud Damy, cardiologue et président du groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathie (GICC) de la Société française de cardiologie, qui vient de dévoiler les premiers résultats d’une étude éloquente.
Celle-ci montre qu’à l’évidence, ces signes ne sont pas connus du grand public. L’insuffisance cardiaque n’est pourtant pas une pathologie rare : officiellement, un peu plus d’un million de Français sont touchés, mais la réalité est probablement plus proche de 2 millions, estime le GICC, qui a réalisé en 2018 une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 à 80 ans.
Le GICC a demandé à 800 patients, qui avaient été hospitalisés à cause d’une insuffisance cardiaque dans l’année écoulée, s’ils avaient présenté ces signes avant l’épisode de décompensation (déséquilibre majeur d’une pathologie) qui les a conduits à l’hôpital.
Il s’avère que la moitié avait présenté des symptômes d’insuffisance cardiaque depuis au moins deux semaines, et même depuis plus de deux mois pour un tiers d’entre eux.
Mais quelqu’un qui est essoufflé pour des efforts modérés, qui a les pieds et les jambes qui gonflent, qui prend du poids et qui est fatigué ne pense pas tout de suite à l’insuffisance cardiaque. II devrait le faire pourtant, et son médecin davantage encore. Car l’insuffisance cardiaque se traite bien dans la très grande majorité des cas.
Quatre règles de vie simples, mais primordiales résumées par EPON : Pour Exercice physique, Prendre son poids, Observer les traitements prescrits, Ne pas trop saler.
Avoir chaque jour un peu d’activité physique entraîne le muscle qu’est le cœur. Se peser quotidiennement permet d’être vite alerté en cas de prise de poids rapide (2 ou 3 kg sur 3 jours, par exemple) qui peut signaler un œdème. Prendre régulièrement ses traitements, de même que ne pas trop saler en méfiant du sel caché.
Des règles de vie simples que tous les médecins recommandent. Pourtant, selon l’enquête du GICC, la moitié des patients n’en garde aucun souvenir…