Papa Amanveba, grand maître marabout, spiritualiste international, praticien traditionnel, éminent prêtre vaudou, désenvoûteur distingué, affirme avoir découvert une tisane contre le coronavirus qui lui vaut d’être dérangé dans son Bénin profond depuis toute l’Afrique, mais aussi depuis la France, l’Espagne et l’Asie.
Son remède garantit de détruire le virus en sept à seize jours. “Quatre personnes ont guéri grâce à moi en Italie” ; Sa voix caverneuse a l’air de s’échapper d’une lampe à huile…
Sa recette ? Un mélange de différentes écorces et de racines mais pour connaître la suite, il faut d’abord payer. “Mes informations ne sont pas gratuites”, précise ce grand maître des herbes, qui propose deux options pour la livraison : “Par DHL, ou sinon je peux aussi la faire apparaître à côté de votre oreille”
Va pour la deuxième solution, plus rapide mais pas moins onéreuse, puisqu’il faudra débourser 1 million de francs CFA (1 524 €), en commençant illico par 300 000 francs CFA déposés sur un compte Western Union. Quand on lui fait remarquer que ça fait cher la gorgée, le marabout s’énerve regrettant qu’on mette en cause ce “travail de qualité” et le fait qu’il soit “connu dans le monde entier”
Désormais, sur les glissières, les poteaux et les murs d’Afrique, la grande guerre contre les hémorroïdes a laissé place à la lutte contre le coronavirus. Et sur le continent africain, les Papa Amavenba sont légion. Leurs petites annonces pullulent sur les glissières d’autoroute à Dakar, les poteaux à Abidjan ou les murs à Conakry. Une multitude de petits billets qui arrivent jusqu’aux trottoirs de Barbès et les recoins les mieux cachés du Web.
Partout, le marabout tout-puissant, qui en temps normal guérit les maux d’amour par des philtres, résout les difficultés financières par la calebasse et soigne l’impuissance par le sceptre, est depuis quelques semaines focalisé sur le Covid-19.
Au Mali aussi, la pharmacopée traditionnelle voit sa clientèle gonfler avec l’épidémie. À Bamako, Jean-Baptiste Niéki confectionne des gélules à base de racines et d’écorces depuis vingt ans. Dans son labo, il propose quarante médicaments traitant la fièvre typhoïde, les infections, le diabète ou l’hypertension. Et il tiendrait déjà son remède anti-Covid-19, fait d’une mixture à base d’écorce de quinquina, l’arbre qui produit la quinine, cet alcaloïde dont la chloroquine est le substitut synthétique.
“Les symptômes sont similaires au paludisme, que nous savons soigner. La chloroquine donne de bons résultats et nous utilisons sa version naturelle” plaide-t-il, faisant fi des informations scientifiques qui n’arrivent pas aux mêmes conclusions.
Depuis janvier, les arnaqueurs fleurissent en France, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Ils proposent des purificateurs d’air, des lampes UV anti-Covid-19, des décoctions miracles…
Et aux États-Unis, Alex Jones, un animateur de radio proche de Donald Trump, fait la promotion de faux remèdes, dont un dentifrice à base d’argent, quand le télévangéliste Jim Bakker propose un gel colloïdal anti-coronavirus, et la Vivify Holistic Clinic un thé à base d’eupatoire perfoliée, une plante miracle.
Corona m’aura pas !