De la cool attitude à la woke attitude

Aux États-Unis, et par influence dans les grands pays développés, depuis plus de 25 ans, la posture dominante des personnes à haut niveau d’éducation, était la cool attitude, la prise de recul, le calme, l’évitement du conflit direct, le laisser faire. Souvenons-nous : “Cool man !…”

Depuis quelques années, c’est l’attitude woke qui prend progressivement le dessus. Woke c’est l’éveil, l’attention, la vigilance. Cette vigilance est perçue comme s’opposant à l’indifférence. C’est l’impact de la stagnation des revenus, du manque de considération, de l’évidence d’inégalités croissantes, ainsi que l’influence des activistes, des lanceurs d’alertes, des facts checkers qui a fait bouger les lignes.

L’idée est qu’on ne peut pas se contenter d’être cool, on ne peut pas rester indifférent, il faut montrer que l’on s’engage, que l’on soutient. Dans les discussions sur les problèmes de sociétés, les gens s’interpellent “mais vous, cela vous laisse indifférent et que faites-vous concrètement ?” ; On se doit de se sentir concerné, de réagir à son niveau pour signaler, voire dénoncer les injustices et s’impliquer d’une façon ou d’une autre.

Tous les domaines d’injustice sont visés, l’inégalité des genres, mais aussi toutes les autres formes d’inégalité : envers les pauvres, les minorités, les handicapés, les enfants, les personnes âgées, les personnes en surpoids… Et la posture de dénonciation-action s’attaque aussi aux dysfonctionnements de la société : la corruption, l’immoralité, la mauvaise gestion de fonds publics, des transports, de la santé, de l’éducation, l’abus de pouvoir, le non-respect des individus etc.

L’expression de l’indignation, de la juste colère, la libération de la parole des victimes et l’action qui s’en suit sont en train de changer la façon dont la société réagit, avec certains risques de rumeurs incontrôlées et de jugement ultra-rapide par la foule. Cette attitude n’est en effet pas réservée à la contestation humaniste (largement dominante), et elle peut aussi parfois être portée par des minorités très politisées et se faire grégaire, conservatrice, nationaliste, ultra moralisatrice.

Avec la puissance de l’Internet, des mouvements d’indignation peuvent s’étendre rapidement avec un relais extrêmement court entre la prise de conscience, l’indignation, la dénonciation et le passage à l’action.

L’attitude woke se retrouve actuellement dans tous les pays développés avec le même fond de quête de sens et d’action pour une transition humaniste, avec des formes et des intensités variables. En Europe, elle porte sur les mêmes thèmes qu’aux États-Unis (défense des femmes et des minorités, exigences de conformité humaniste, écologique sociale… mais avec aussi une composante plus marquée politiquement (mouvement des indignés, de nuit debout, de podemos, des zadistes, des gilets jaunes…)

Elle se traduit également par le passage à l’action concrète pour proposer des solutions et à la prise d’initiatives associatives, solidaires et sociales, qui connaissent actuellement en France, un développement considérable.

D’après Marc Giget  – Club de Paris des directeurs de l’innovation. 
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