Insultes, intimidations, violences physiques, attaques à connotation sexuelle, sociale, raciste… les vents sont favorables pour les harceleurs.
Selon l’association e-Enfance, 10 % des écoliers et des collégiens rencontrent des problèmes de harcèlement, et pour 6 % d’entre eux, on peut le qualifier de sévère à très sévère.
Le phénomène prend plus d’ampleur avec les smartphones et autres tablettes, comme en témoigne la récente affaire de l’application anonyme Gossip, qui inquiète les syndicats lycéens, le monde enseignant et le ministère de l’éducation nationale.
La prévention du harcèlement scolaire constitue un enjeu de santé public, ainsi que le rappelle une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ). Une équipe de chercheurs britanniques a en effet mis en évidence le lien entre harcèlement à l’adolescence et dépression chez le jeune adulte.
Les enfants harcelés ont jusqu’à trois fois plus de risques d’être dépressifs à l’âge de 18 ans que ceux qui ne l’ont pas été. Jusqu’à 30 % de la dépression à l’âge adulte jeune pourrait être causée par le harcèlement à l’adolescence, expliquent les chercheurs. Dans tous les cas, le docteur Maria Ttofi (université de Cambridge) appelle à plus de prévention dans ce domaine par les parents et à l’école.
“Le harcèlement, c’est le fléau des temps modernes. Nous voyons de plus en plus de tentatives de suicide liées au harcèlement et c’est une question que nous devons poser, chaque fois que l’on voit un enfant ou un adolescent en souffrance” explique le psychiatre Xavier Pommereau, qui rappelle que l’origine du mot harceler, vient de herse, à savoir une pointe qui transperce.
Selon ce spécialiste, le succès des réseaux sociaux auprès des jeunes amplifie le phénomène du harcèlement “Ce sont des enfants de l’image, tellement sensibles à l’image de soi, que lorsqu’ils sont attaqués sur leur look, cela peut être dévastateur pour eux” ; Et c’est pourquoi, ces jeunes parlent plus facilement de violences physiques que de harcèlement. Les intimidations les plus courantes étant les injures suivies des vols d’objets.
Face à cette maltraitance, il ne faut pas se taire, martèlent les spécialistes. Pourtant, la plupart des victimes disent qu’elles ne se sont jamais confiées à leurs professeurs, et la moitié de ces adolescents n’ont jamais évoqué le harcèlement avec leurs parents.
Il faut que les parents se préparent à affronter le problème, en évitant de surprotéger leurs enfants (on a peur pour eux, ce qui les fragilise) ; En renforçant l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes (on les encourage à se réaliser dans le sport, le théâtre, le chant, le bricolage, le bénévolat, le service civique… et pas seulement dans leurs études où ils ne réalisent pas grand chose, mais préparent des réalisations futures, ce qui n’est pas la même chose)
En créant les conditions d’une authentique communication (on communique avec eux sur le plan émotionnel et pas seulement sur le plan rationnel) ; En les préparant au harcèlement (on nomme et on décrit ce qui peut leur arriver et pourquoi cela peut leur arriver) sans détour ni déni.
En étant attentif à tout changement de comportement de leur part (moins joyeux, plus renfermés, plus silencieux, moins sociables…) qui sont autant de signaux d’alerte.
Merci de rappeler la toxicité du harcèlement dont l’impact peut se révéler avec retard parfois jusque dans la vie adulte. Quelle responsabilité pour les parents de savoir ouvrir l’œil au bon moment et de réagir avec mesure et discernement !
Sous peine d’être un mauvais éducateur, il faut savoir être vigilant sans être étouffant, rester confiant et ouvert sur le monde sans être dans l’imprudence. Bref, il “suffit” de rester en bon équilibre entre surprotection et laxisme éducatif. Ainsi le caractère de l’enfant évitera l’excès de confiance qui mène à l’orgueil et l’image dégradée de soi-même qui conduit à la dépression.
Quand les enfants sont grands et ont évité les gros pièges de la vie, nous osons à peine regarder les gouffres dans lesquels ils auraient pu sombrer. Vertiges assurés !