Carrramba… encore raté ! dit le perroquet dans Tintin, L’oreille cassée.
Cette histoire de fin du monde venue d’une interprétation fantaisiste du calendrier maya (bouleversement planétaire le 21 décembre), nous rappelle s’il le fallait, que l’homme est mortel, que les civilisations sont mortelles, que notre planète est mortelle.
Et que notre astre adoré le soleil, va s’éteindre… dans quelques millions d’années.
Quant à notre galaxie, la Voie lactée, on n’en finit pas de compter ses milliards de planètes vagabondes. Et pendant ce temps, l’univers dont on ne connait qu’une infime partie, s’agrandit à une vitesse vertigineuse et personne ne sait où il va.
Les scénarios de fin du monde existent bel et bien et sont tout sauf fantaisistes. Embrasement nucléaire, éruption volcanique titanesque, collusion avec un astéroïde géant, virus incontrôlable, fin de la biosphère… Les croyants se remémoreront l’Apocalypse de Jean et son épouvantable déchaînement de malheurs, de guerres, de maladies qui durera un millénium et qui s’achèvera par le Jugement dernier mettant fin à l’humanité, en donnant le bonheur éternel pour les élus du paradis et le malheur éternel pour les jetés aux enfers. En passant, bonjour l’égalité !
Les intellectuels reliront “La fin de l’histoire” (Hegel), “La fin de l’histoire et le dernier homme” (Fukuyama), “Le facteur maya” (Arguëlles) ; Les amateurs de cinéma reverront “2012” et “La route” ; Les philosophes songeront à Héraclite “Tout ce qui commence doit finir” ; Les révolutionnaires rêveront au “Grand soir” ; Les amateurs de prophéties cataclysmiques, les superstitieux et autres illuminés, viendront me rejoindre sur le Pic de Bugarach au cas où l’on se serait trompé de date (deuxième grotte à droite en montant)
Mais malgré ses apparences apocalyptiques, cette histoire de fin du monde peut nous aider. En nous rappelant tout d’abord que notre cerveau émotionnel (le cerveau primitif) est génétiquement programmé depuis la nuit des temps, pour être attentif aux dangers de toutes sortes, afin d’assurer la survie de l’espèce. Notre cerveau est irrésistiblement attiré par les mauvaises nouvelles et les calamités, comme la lumière attire les papillons de nuit. C’est plus fort que lui.
En période de crise et de doute, cela est dévastateur et il nous faut impérativement compenser en nous efforçant de voir aussi et d’abord les bonnes nouvelles. D’autant que les médias fonctionnent comme une sorte de cerveau primitif qui ne voit et ne met l’accent que sur les mauvaises nouvelles.
Par exemple, on nous parle tous les jours d’emplois supprimés, sans jamais nous parler des emplois créés. Or s’il n’y avait que des emplois supprimés, l’économie n’existerait plus depuis belle lurette. Mais où sont donc passés les emplois créés ? S’efforcer de voir d’abord les emplois créés, c’est ce que les sages appellent la pensée positive.
Cette histoire de calendrier maya peut aussi nous aider en nous rappelant sans cesse qu’il n’y a pas de vie sans mort, de feu sans eau, de lumière sans ombre, de bonheur sans malheur, ni de joie sans tristesse. Et que ce qui compte en ce monde, c’est aussi de savoir vivre ici et maintenant, en cessant notre agitation frénétique et en savourant le mieux possible les moments de bonheur vécus avec soi et avec les autres.
Et ne pas devenir “des spectateurs impuissants d’un monde anxiogène” (Frédéric Lenoir) Comme l’écrivait Tolkien dans son inoubliable Seigneur des anneaux “Tout ce que vous avez à décider, c’est de savoir quoi faire du temps qui vous est imparti” et il ajoutait “Il faut faire du bien en ce monde et pour cela, il faut se battre” ; Voilà une bonne raison pour ne craindre ni les Mayas, ni la fin du monde. Bonne et utile année 2013 !
Autres illustrations du cerveau attiré par les mauvaises nouvelles : nous aurons souvent l’impression que le feu tricolore auquel nous passons régulièrement est TOUJOURS, ou presque, au rouge quand on y passe, voire qu’il passe régulièrement au rouge au moment de notre arrivée, de la même manière que le problème en caisse intervient évidemment SYSTEMATIQUEMENT au client juste avant nous. Pourquoi ? Car nous oublions alors tous les passages au feu vert et les passages en caisse sans difficulté (alors même que le caisse d’à côté est bloquée), pour ne retenir que les difficultés, probablement là aussi par attention pour le “danger” !
Autre tendance des bizarreries de notre cerveau : certains s’attachent à remarquer des coquilles dans les textes lus. Et bien qu’il soit possible, si notre planète était dotée de conscience, que l’éradication de tout ou partie de l’humanité par un astéroïde puisse résulter d’une demande secrète de la Terre à ce dernier, je pense quand même qu’une telle extinction a plus de chance de résulter d’une collision entre les deux, que d’une collusion.
Bonne année à tous !