Qu’est-ce que réussir sa vie ?

imagesAvoir le sentiment de réussir sa vie, c’est avoir le sentiment de s’accomplir, sans grande frustration, sans grand regret et sans grand remords.

Voilà les quatre critères principaux d’une vie réussie, d’une “vie bonne” comme disaient les philosophes de l’Antiquité.

S’accomplir, c’est réaliser ses projets, c’est à dire “les faire exister à titre de réalité concrète” ; On peut toujours “vivre selon ses valeurs” “aimer les autres” “être un bon croyant” “être un bon père” “être un ami fidèle” “avoir beaucoup d’amis” “être un bon manager” “être un bon socialiste”…. Ce n’est pas suffisant pour réussir sa vie.

Car tant que je n’ai rien réalisé et que je n’ai rien produit (une famille heureuse, un scénario accepté, un livre édité, un projet mené à son terme, une entreprise ou une association créée…), je n’ai rien ou presque rien réussi. Par exemple, tant que je n’ai rien trouvé, je n’ai pas vraiment réussi ma vie de chercheur.

Parce que la preuve d’une vie réussie est toujours donnée par le regard et l’appréciation des autres. Et cette appréciation ne peut se faire la plupart du temps, que sur des choses identifiables et concrètes. Sinon, on risque d’être dans le fantasme et dans le narcissisme.

Et réaliser, ce n’est pas seulement faire. Voyager, chanter, danser, jouer du piano, faire du cheval, faire du hip-hop… ce n’est pas ça, réaliser. Faire un voyage humanitaire pour construire une éolienne et emmener l’eau dans la brousse, composer une chanson, ou monter un groupe de hip-hop, c’est cela réaliser. Dans réaliser, il y a une intention, un projet et un résultat qu’il n’y a pas toujours dans faire.

Il faut en outre, pour être sûr de réussir sa vie, n’avoir ni grande frustration, ni grand regret, ni grand remords. Je peux être frustré de ne pas avoir pu réaliser ce que je souhaitais, parce que j’ai confondu mon potentiel réel et mon potentiel rêvé et parce que je me suis illusionné sur ce que j’étais capable de faire.

Je peux avoir le grand regret de ne pas avoir fait ce que je souhaitais faire, comme ce job génial que l’on m’a proposé et que j’ai refusé ou cette entreprise que j’ai toujours rêvée de créer et que je n’ai jamais créée, par manque d’énergie, de volonté ou de courage.

Je peux avoir le grand remords (la mauvaise conscience) d’avoir fait ce que je n’aurais jamais dû faire, comme d’avoir tout investi dans mon travail, en ayant oublié ma femme, mes enfants, mes amis…

Dans le sentiment fondé de s’accomplir et de réussir sa vie, il y a toujours de l’engagement (c’est à dire une intention et du courage pour passer à l’acte et concrétiser), de la transmission (j’ai transmis à mes enfants et aux autres des choses qui comptent) et il y a de l’équilibre (aucun plan de ma vie personnelle, familiale, professionnelle ou sociale, n’a été négligé)

Et je suis parvenu à équilibrer l’envie de faire (réaliser), l’envie d’avoir (posséder) et l’envie d’être (exister)

On peut donc plus ou moins réussir sa vie, selon ce que l’on réalise, selon ce que l’on transmet et selon l’équilibre que l’on a atteint ou non. L’un renforçant l’autre : Plus on réalise, plus on peut transmettre et plus on transmet, plus un équilibre de vie est simple à trouver.

Certains réalisent beaucoup, mais ne transmettent rien ou très peu et ne parviennent à aucun équilibre de vie. Comme Alexandre Grothendieck, le plus grand mathématicien du XXe siècle qui vient de mourir dans un petit village de l’Ariège. Il a réalisé une œuvre scientifique considérable mais a brûlé tous ses écrits et a fini coupé de tous, brouillé avec ses proches, sa famille, la science, le monde entier…

Voir clairement ce que l’on a réussi dans sa vie et s’en imprégner, notamment en l’écrivant, permet de mieux traverser des chocs, des épreuves, des moments de découragement et de doute.

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3 réponses à Qu’est-ce que réussir sa vie ?

  1. Alain dit :

    Bonjour,
    Voilà un article intéressant! Pour réussir sa vie, il faut être plus déterminé. En tout cas, j’ai pu monter ma propre boite grâce à Antoine de http://www.gagner-argent.org. Et j’avoue qu’en plus de me rapporter de l’argent, ça me permet de m’épanouir.

  2. Dominique Dubois dit :

    Vos commentaires sont au centre de ma réflexion. Qui peut dire si on a ou non réussi vie ? Le regard des autres a-t-il une importance ? Non selon moi. En adulte responsable, seul mon regard sur moi-même me permettra de discerner. Mais ce discernement sera possible en fonction de mon éducation, mes convictions politiques ou religieuses et de mon vécu. En tout cas bravo pour ce texte concis sur un sujet central pour moi.

    Churchill et De Gaulle dans leurs moments de dépression, pensaient tous les deux avoir raté leurs vies.
    Tout le monde (les autres) pense le contraire….
    Alors, ont-ils réussi ou raté leurs vies ?

  3. FOUCHE Jean-Marc dit :

    Quoi de plus subjectif qu’une vie réussie ou ratée, les critères de chacun étant variables et considérablement différents selon les origines sociales, l’éducation, l’instruction etc…
    Aucun modèle défini ne peut s’imposer dans ce domaine. Un PDG peut rater sa vie et un clochard la réussir pleinement.

    Donc, une nouvelle fois, tout serait relatif ?
    Crois-tu vraiment qu’un clochard qui crève de faim et de froid à la fin de sa vie, a le sentiment d’avoir pleinement réussi sa vie ?
    Si ce que tu dis était vrai, nous devrions être tous très heureux d’avoir des enfants qui ont fait le choix d’être des clochards.
    Allons ! C’est un peu plus subtil que ça…

    C’est exact, mais, par expérience personnelle, j’ai connu quelques clochards (à une époque différente, certes) qui avaient fait ce choix de vie. Je ne parle pas des SDF, car dans leur cas, il ne s’agit pas d’un choix. Ces cas (la recherche d’une vie différente) ne constituent pas une majorité mais ils n’auraient jamais considéré avoir raté leur vie. Nous sommes, souvent, trop formels dans nos jugements à une époque où la réussite sociale et matérielle semblent être irrémédiablement liés au bonheur à l’exclusion de toute autre option.

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