L‘émotivité, ces bouffées d’émotions plus ou moins fortes que l’on a dans certaines situations, peut être la meilleure ou la pire des choses : La meilleure quand on la contrôle, car elle donne de la sensibilité et de la profondeur à la pensée et à la communication, comme par exemple le bon trac qui stimule et fait donner le meilleur de soi-même.
Mais l’émotivité peut être la pire des choses quand elle devient paralysante, quand elle fait perdre ses moyens, quand elle fait trembler ou transpirer sans raison, quand elle fait bafouiller ou empêche de prendre la parole, quand elle enferme dans une timidité maladive et empêche de nouer de nouvelles relations.
Sans compter des réactions incompréhensibles pour l’entourage (agressivité, colères, bouderies, susceptibilité, rumination…) et une énorme perte d’énergie car l’émotif « fait une montagne de tout » ; Un hyper émotif peut être même sujet à des crises de panique : phobie de l’enfermement, de l’obscurité, des chiens, des serpents, des araignées, des cafards, des immigrés, de Sarkozy…
Pour vaincre son émotivité, le moyen le plus efficace est de s’exposer volontairement aux situations redoutées. Comme le dit un grand émotif « Parler de mes angoisses de façon abstraite ne me sert pas à grand-chose » ; « J’étais un timide maladroit, pour m’en défendre, j’ai choisi d’attirer le regard » dit Cédric Vilani (médaille Fields de mathématiques 2010) en arborant une énorme lavallière rouge. « C’est le théâtre qui m’a guéri de ma timidité maladive avoue l’acteur Philippe Torreton, même si j’étais mort de trouille au début avant de monter sur scène »
Et toutes sortes de troubles émotifs peuvent être traitées par l’exposition, y compris virtuelle : peur de l’avion, du vide, des ascenseurs, des orages, de l’école, des seringues, du sang… En Italie, on traite par cette méthode les troubles de l’image du corps qui génèrent anorexies et boulimies. En Israël on aide les enfants autistes à communiquer avec les autres. Et dans la thérapie EMDR¹ on revisite les souvenirs traumatiques pour s’en libérer.
Le secret d’une exposition réussie, c’est la progressivité. Par exemple, un étudiant qui est émotif quand il prend la parole, va demander de faire des commentaires devant ses camarades, courts au début, puis de plus en plus longs. Un jeune manager qui est émotif en réunion, va s’efforcer d’animer d’abord des briefings, puis des petites réunions avec peu de monde, avant de conduire des réunions plus importantes. Un grand timide devant les filles (et inversement), va faire l’effort d’aller au-devant de certaines d’entre elles dans un premier temps, puis cherchera à en rencontrer d’autres et de plus en plus.
Une autre clef est la suivante : Lorsque l’on est dans un état de forte émotivité, on a tendance à respirer de plus en plus vite, ce que l’on appelle l’hyperventilation. Celle-ci va renforcer l’état émotif en provoquant des blocages respiratoires pouvant aller jusqu’à une sensation d’étouffement, bien connue des plongeurs débutants. Il faut donc s’habituer à bloquer sa respiration 3 ou 4 secondes, à la fin de l’inspiration et à la fin de l’expiration, seul moyen de stopper l’hyperventilation.
Une personne émotive doit aussi réfléchir à une conséquence redoutable de son émotivité. Celle-ci l’empêche souvent d’aborder les conflits, car on a peur de ses réactions face à un conflit quand on est émotif. Et on sait que les conflits non traités se transforment en problèmes de plus en plus difficiles à résoudre, comme un nœud de corde qui se serre de plus en plus. Il faut donc avoir le courage de s’exposer aux conflits et de les affronter avec progressivité. Car rester dans le non-dit se paie très cher.
Une personne émotive peut s’aider par la visualisation comme cette très ancienne visualisation tibétaine : Quand j’inspire, je vois la situation redoutée en noir (ce que je crains), quand j’expire, je la vois auréolée d’une lumière blanche (ce que je désire) ; J’insiste sur l’expiration, je me détends, je lâche prise.
Sans oublier toutes les techniques basées sur le souffle (jogging, vélo, marche, méditation, relaxation…), les oméga-3 qui nourrissent le cerveau émotionnel et… les infusions de fleurs d’aubépine. Vous avez dit “émotif” ?
¹ Guérir, David Servan-Schreiber
Bonjour,
Je me retrouve dans ce que vous dîtes dans cet article. Je suis actuellement très seule et j’éprouve une énorme culpabilité à être moi-même et avoir certains de mes comportements. Je rumine constamment et je suis tout le temps dans le passé. Je ne supporte plus d’être seule. Dire ce que je ressens et difficile pour moi. J’ai besoin d’être constamment avec les autres pour me sentir rassurée et en même temps je les fuis et le regard des gens m’agresse. J’ai l’impression qu’on se moque tout le temps de moi, je me sens blessée. Je suis susceptible et boudeuse. Dès réactions de gamine qui a 28 ans n’ont plus leur place.Je suis sans cesse en train de m’imaginer ce qu’ils pensent. J’ai peur de devenir folle. Je vous parle actuellement et je suis terriblement angoissée pleine de nœuds. Je suis bloquée dans mon avenir pour avancer. Je sais au fond de moi ce dont je suis capable. La situation est telle que j’en viens à me dévaloriser tous les jours à ne plus prendre soin de moi et à m’abîmer physiquement. Je ne prends pas plaisir à faire ça je suis mal dans ma tête. J’évite les conflits car le conflit je ne sais pas le gérer. Je fais comme si ça ne m’atteignait pas mais ça m’atteins et je ne me fais pas respecter car je ne me respecte pas moi-même ni mes besoins. Je tourne en rond et je ne peux pas rester comme ça. Que faire ? Comment devenir plus supportable aux yeux des autres et aux yeux de ceux qui nous aiment ? Comment s’aimer lorsque l’on a des comportements d’impulsivité ? Je me sens faible. Je n’ose dire ce que je pense et lorsque je le dis ça blesse. C’est un vrai cercle vicieux. Je me sens terriblement mal. Seul le travail peut me sauver car quand je travaille je me force à être une autre et je préfère cette personne que tout le monde aime.
Il faut sans tarder vous faire aider par un professionnel.