“De tout coté on n’entend plus que ça” chantait la plantureuse Dalida à propos du twist, célèbre danse un peu déjantée des années 60. Ah… le twist !
Valeurs, valeurs, valeurs ! Pendant un an, ce fut le mot d’ordre rituel, aux primaires, à la présidentielle, aux législatives.
Moins il semblait être prêt à agir, plus chacun à droite comme à gauche, y allait de son couplet sur les valeurs, valeurs qu’il était évidemment prêt à défendre corps et âme, sans jamais préciser de quoi il s’agissait.
Faites un test, demandez autour de vous de donner la liste des “valeurs européennes” par exemple, vous serez étonné. Et si vous faites le même exercice avec des Allemands ou des Italiens, ce sera carrément le fou-rire. Rien de commun. Dans l’Antiquité et au Moyen Age, au moins, c’était clair, la valeur désignait la bravoure et les vertus guerrières “la valeur n’attend point le nombre des années… ”
Le problème des valeurs aujourd’hui, c’est qu’elles sont vagues et engagent peu, car on y met ce que l’on veut. Par exemple, “Égalité” mais devant quoi ? Devant le talent ? L’énergie ? La résistance physique, mentale ? La maladie ? Les impôts ? S’agit-il d’égalité des chances ? Mais à partir de quand et jusqu’où ? L’égalité en droit est déjà plus claire mais encore faut-il le dire et préciser de quels droits on parle. Un étranger en France n’a pas exactement les mêmes droits qu’un Français. Est-il “moins égal” ?
Autre exemple “Fidélité” mais à qui, à quoi ? À mes idées, à ce que j’ai dit que je ferai, aux idées transmises par mes parents, à mon calibre et à mon clan comme en Corse, à ma famille, à mes amis ? Rousseau a été fidèle à ses idées et infidèle à ses enfants qu’il a abandonnés.
Et la valeur “Travail” ? S’agit-il de travailler dur, de travailler plus pour gagner plus, de travailler mieux pour gagner plus ou de donner à chacun selon son travail ? La valeur “Justice” ? Faut-il favoriser les pauvres plus que les riches ou autant que les riches, attribuer selon le talent ou selon les besoins, aider la génération actuelle ou future ? Et combien de ceux qui invoquent à tout bout de champ la valeur “Justice” se sont-ils comportés comme des “Justes” quand il le fallait ?
Quant à la “Responsabilité“, chaque fois que l’on vous en parlera, demandez de quoi il s’agit exactement et attendez. Vous risquez d’attendre longtemps. Et remarquez surtout que trois escrocs peuvent très bien partager les valeurs d’égalité, de fidélité, de travail, de justice, et de responsabilité, mais entre eux et pour eux.
Nos parents parlaient de principes et ils avaient raison, car c’était beaucoup plus clair. Et ils ne transigeaient pas dessus : “Aide-toi, le ciel t’aidera” “Un temps pour chaque chose” “À chacun selon son mérite” “La faiblesse ne paie pas” “Se hâter lentement” “Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse” “Connais-toi toi-même” “Etre responsable, c’est rendre des comptes et assumer les conséquences de ses actes” etc.
L’avantage des principes sur les valeurs, c’est qu’ils engagent beaucoup plus et permettent de passer des contrats avec soi-même et avec les autres. Et un principe peut devenir une devise personnelle qui va renforcer la cohérence entre ses pensées et ses actes. “Dis-moi quels sont tes principes et ta devise, je te dirai qui tu es…”
Vouloir comparer valeurs et principes me semble hasardeux, ce sont des animaux différents. D’ailleurs un principe ne repose-t-il pas sur une ou plusieurs valeurs ?
Un principe est plutôt une règle de vie, alors qu’une valeur est plutôt une aspiration.
C’est ce qui ressort du sens passé de valeur, “il a prouvé sa valeur”, “il est valeureux”, certes; cela montre seulement que les valeurs de cette classe sociale étaient le courage, le respect, l’obeissance etc… Avoir de la valeur voulait dire qu’on avait montré à la face du monde que l’on était prêt à s’engager pour réaliser ses aspirations (courage, etc..). Est-ce si différent aujourd’hui ?