“Les journées qui raccourcissent et les nuits qui s’allongent, sèment dans nos veines un désespoir qui transperce nos âmes” notait dans son journal le grand explorateur James Cook, quand son expédition fut bloquée en 1778 dans le Grand Nord.
Cook notait aussi que les instincts sexuels des Esquimaux se déchaînaient avec l’arrivée du printemps et le retour de la lumière.
La lumière influence plusieurs fonctions essentielles du cerveau émotionnel, nous dit David Servan-Schreiber¹ et donc agit directement sur l’appétit, la libido, le sommeil, les cycles menstruels, la température du corps, le métabolisme des graisses et aussi l’humeur et l’énergie. Voila pourquoi, dès qu’arrivent l’automne et la grisaille de l’hiver, nous avons souvent une impression de panne d’énergie et de grande fatigue.
Cette déprime hivernale touche davantage les femmes que les hommes et s’exprime chez certains, par une fatigue intense, un ralentissement physique et psychique, des difficultés à se concentrer (y compris chez les enfants), un sommeil perturbé avec souvent une hypersomnie, un goût accru pour les sucreries, les féculents et s’accompagne donc d’une prise de poids, ce qui aggrave les désordres psychiques.
A la différence d’une vraie dépression, les symptômes apparaissent aux alentours d’octobre et disparaissent comme par enchantement au printemps.
Les causes de cette déprime d’hiver sont complexes, mais l’hypothèse des scientifiques est que le manque de lumière (la luminosité est divisée par cent en hiver) provoque un dérèglement de notre horloge interne et une augmentation du taux de mélatonine, l’hormone du sommeil, durant le jour.
C’est pourquoi, cette pathologie touche davantage les habitants des pays du nord de l’Europe, moins exposés au soleil et c’est pourquoi la lumière est le traitement privilégié. Une courte séance de luminothérapie, dans les 2 heures après le lever, procure dans 80% des cas, le même tonus qu’une matinée ensoleillée de printemps ou d’été.
La luminothérapie consiste à exposer ses yeux à une lumière artificielle scintillante, 20 fois plus lumineuse qu’une ampoule électrique (mais sans infrarouges et sans ultraviolets) une demi-heure tous les matins, pendant 3 semaines environ. On préférera les panneaux de lumière blanche à fluorescence plutôt que les systèmes de visière, lunettes ou lampes. On choisira surtout des technologies éprouvées et des appareils classés «matériel médical» pour être tout à fait sereins. Compter 200 € et plus… si affinités.
La luminothérapie est aussi efficace pour le jet-lag : 2 séances de luminothérapie le matin au lever avant un voyage vers l’est, 2 séances le soir avant un voyage vers l’ouest. Les grands voyageurs peuvent aussi s’exposer au soleil dès l’arrivée de l’avion, quand cela est possible.
Le simulateur d’aube est une application intéressante de la luminothérapie. Il recrée les conditions naturelles du réveil en imitant le lever et le coucher du soleil. Certains simulateurs comme le Lumie 300, proposent même des exercices de relaxation pour s’endormir et se réveiller.
Un bon quart des déprimés de l’hiver étant insensibles à luminothérapie, il reste pour les plus courageux, le sport de bon matin et 30 minutes d’exercice. Mieux, pour ceux qui peuvent le faire, un séjour d’une dizaine de jours en décembre ou en janvier, dans un pays ensoleillé et chaud. Mais gare au retour… pour ceux qui reviennent.
Les autres pourront toujours s’acheter un “bluesharp” (petit harmonica) et chanter avec moi “le blues de l’hiver” en attendant le printemps.