Non ! La chance n’est pas qu’une question de pur hasard. Etre un sacré veinard ou un loser chronique dépend aussi de notre volonté et d’une façon de percevoir le monde Nous nous trompons quand nous considérons la chance comme un élément extérieur et non voulu et suscité.
Nous avons pris l’habitude de décrire la chance comme arbitraire et capricieuse. Face à elle, nous avons adopté une attitude passive et nous avons fini par croire qu’elle nous tombait dessus en nous choisissant. Nous nous sommes forgé une vision romanesque de la chance et en avons fait une composante magique de notre réussite ou notre absence de réussite.
Alors que la chance est une compétence de vie que chacun peut apprendre à maîtriser et à cultiver pour la faire advenir au quotidien. En ce sens, elle est digne d’éloge.
Bien sûr, il y a toujours des coups de chance, rarissimes et impossibles, à prédire, capables de bouleverser nos vies en nous faisant soudain bénéficier d’un concours de circonstances favorables, sans que nous n’ayons rien fait pour le provoquer.
En revanche, la chance-de-tous-les-jours, ce mouvement régulier qui fait que certains hommes et femmes semblent davantage que d’autres collectionner et enchaîner les événements favorables, cette chance-là dépend directement de nous et de notre attitude face au monde.
Les veinards à répétition ne sont pas nés sous une bonne étoile, mais ont développé des réflexes qui leur permettent de fonctionner constamment “en mode chance”
Même si l’on ne peut pas faire l’impasse sur les conditions sociales et l’environnement d’un individu (les inégalités de destin), on constate que certains malchanceux chroniques ont une capacité troublante à gâcher toutes les opportunités qui se présentent à eux. Avec ces losers structurels, tout se passe comme si le logiciel de la chance était grippé. Les travailleurs sociaux connaissent bien ce phénomène qu’ils nomment l’abdiction et qui se traduit par une perte totale de confiance en soi, un sentiment d’impuissance face aux événements.
Et il y a un lien étroit entre l’optimisme et la chance. Face aux difficultés, un individu optimiste va instinctivement se focaliser sur ses propres forces, chercher des solutions, et faire confiance à l’avenir. Cette capacité à recycler positivement un coup du sort est l’un des ingrédients de la chance durable. À ce recyclage positif, il faut ajouter trois autres secrets de fabrication, trois principes d’action simples auxquels chacun peut s’entraîner.
Le premier, c’est l’intention préalable. Un hasard ne peut se transformer en coup de chance que si nous sommes préparés mentalement à son arrivée et que nous avons déjà réfléchi à l’orientation que nous pourrions lui donner.
Le second volet, c’est celui de la disponibilité intérieure. La curiosité, l’ouverture d’esprit, la capacité d’être attentif à ce qui nous entoure, permettent de faire apparaître des opportunités là où on ne les attendait pas.
Enfin, le dernier secret, et peut-être le plus important, c’est celui de la connexion. La chance véritable arrive grâce aux échanges et aux interactions que nous tissons avec les autres. Il faut entretenir son réseau de chance, en multipliant les rencontres, en acceptant les demandes inattendues, bref en créant un espace où pourront fleurir les occasions favorables.
L’une des caractéristiques des chanceux à répétition, c’est qu’il leur arrive aussi de ne pas avoir de chance, voire d’échouer lamentablement. Mais contrairement aux malchanceux chroniques, les chanceux semblent toujours savoir quoi faire quand cela leur arrive. Transformer l’essai des opportunités rencontrées, c’est aussi savoir recycler les revers et les coups du sort en autant d’ouvertures nouvelles.
L’acceptation et le savoir-perdre du malchanceux se transforment chez le chanceux en une sorte de “savoir-être-avec-les-difficultés”, étant entendu que pour celui qui vit en mode chance, celle-ci réside moins dans ce qui lui arrive que dans ce qu’il va faire de ce qui va arriver. Pour qui vit en mode chance, l’échec ou le coup du sort n’interrompent jamais brutalement le flux de la chance. Ils le ralentissent parfois, mais le réorientent toujours vers d’autres zones de possibilités et d’action.
Machiavel disait que la chance est moitié préparation, moitié fortune, c’est à dire provenant d’un heureux hasard.