Cela faisait vingt ans que tu repoussais le crabe en défiant tous les pronostics médicaux, mais “la méchante” comme tu l’appelais, t’a rattrapé un matin d’été en Normandie.
Tu auras mené au moins deux combats. Un combat personnel contre ton cancer (une seconde naissance et une expérience enrichissante disais-tu) et un autre combat tout aussi dur contre les mandarins, la pensée scientifique dominante, les préjugés de l’establishment médical et le mépris de la plupart des psychanalystes.
Car contrairement aux États-Unis où tu as été formé, le mélange des genres (sciences neurocognitives et remèdes naturels) ne passe pas auprès des élites médicales françaises.
Soigner les maladies des temps modernes, le stress, l’anxiété, la dépression (les Français sont champions du monde de la dépression et consomment des antidépresseurs à longueur d’année) sans médicaments ni psychanalyse, aider son corps à se défendre de manière naturelle, faire de l’exercice physique, faire de la relaxation et de la méditation, reprogrammer le cerveau émotionnel de telle sorte qu’il soit adapté au présent au lieu de continuer de réagir à des situations négatives passées ? Vous n’y pensez pas ! Sauve-qui-peut, un gourou, et en plus à moitié américain !
Sans compter, dans ce pays qui n’aime pas les réussites trop visibles, la jalousie de tes confrères (les patrons de médecine sont souvent de grands narcissiques) après le succès mondial de tes ouvrages Guérir et Anticancer et aussi le succès de tes conférences qui faisaient toujours salle comble. Je pense à Dukan…
Tu as remis au goût du jour la méditation, l’acupuncture, la luminothérapie. Tu nous as fait découvrir les vertus des oméga-3, ces fameux acides gras que l’on appelle essentiels parce que le corps ne peut pas les fabriquer. Tu as élucidé le baby blues, cette dépression post-natale des mamans, en démontrant qu’elle provenait justement d’une insuffisance en oméga-3.
Tu as popularisé la cohérence cardiaque, une méthode de contrôle de la respiration qui a un effet indirect sur notre capacité à résister au stress. Et tu as diffusé en France la thérapie EMDR qui aide à retraiter les souvenirs traumatiques par des mouvements oculaires. Tu as été un peu le Galilée des années 2000 en médecine.
Tu pensais (comme Gayelord Hauser déjà) que la nutrition est devenue l’enjeu capital face aux maladies chroniques de notre siècle. Et rejoignant les conclusions du fonds mondial de recherche contre le cancer, tu es devenu l’homme du thé vert, du brocoli, des fruits rouges, des légumes, de l’huile d’olive, du quinoa, du pain complet, du gingembre…
Tu pensais que tout est à revoir dans le contenu de nos assiettes. Et tu as bien raison. Qui donc a compris avant toi qu’il faut nourrir le cerveau émotionnel avec les oméga-3 ?
Mais toi qui parcourais l’Europe de long en large pour tes conférences, tu regrettais de t’être imposé un rythme de travail excessif. Et tu nous donnes un dernier conseil très stratégique : “Il ne faut pas s’épuiser, parce que nous avons tous un cancer qui dort en nous” ; Tu ajoutais “Que mon tour arrive plus tôt, c’est triste, mais ça ne constitue pas une injustice monstrueuse” ; Belle leçon. Merci DSS !