En février 1972, lors d’une émission de télévision, John Lennon avait été catégorique : “Si vous cherchez un autre nom à donner au rock’n’roll, vous pouvez l’appeler Chuck Berry”
Père fondateur du rock’n’roll, même si les concurrents les plus directs de Chuck Berry, les pianistes et chanteurs Jerry Lee Lewis et Little Richard, les guitaristes et chanteurs Bo Diddley, Buddy Holly et Eddie Cochran ou Elvis Presley se sont vus aussi décernés ce titre.
Et si le guitariste, chanteur et auteur-compositeur américain, mort samedi 18 mars à 90 ans, pouvait leur reconnaître du talent, c’était aussitôt pour déclarer qu’il était, lui, Charles Edward Anderson Berry “meilleur interprète, meilleur instrumentiste, meilleur chanteur et meilleur homme de scène”
Proche de la trentaine quand sa carrière débute vraiment, en 1955, Chuck Berry aura chanté le quotidien et les rêves des adolescents. Ses sujets de prédilection, la voiture et la vitesse, la drague et le désir sexuel, l’insouciance des années au lycée, le désir d’une jeunesse qui, sans encore se rebeller contre les parents, aspire à plus de liberté. Ce qui passe par son rock’n’roll tranchant, dont la forme ne variera guère.
Début 1953, Berry, qui se débrouille à la guitare et au chant (il a grandi à l’écoute du blues, de la country, du jazz en grand orchestre) rejoint celui qui deviendra son pianiste régulier, Johnnie Johnson. Il est encore sous l’influence des chanteurs Nat King Cole et Louis Jordan, dont la gouaille restera audible dans son phrasé, et des guitaristes de blues T-Bone Walker et Muddy Waters.
C’est ce dernier qui lui fait rencontrer, à Chicago, Leonard Chess, patron, avec son frère Philip, de la maison de disques Chess Records, spécialisée dans le blues et le rhythm’n’blues. Le 21 mai 1955, Leonard Chess fait enregistrer par Chuck Berry une reprise d’un air country Maybellene, plus nerveuse que l’originale, à laquelle Berry donne fraîcheur et énergie. Les programmateurs radio la passent en boucle et en quelques semaines, 1 million d’exemplaires du 45-tours sont vendus.
Du milieu des années 1950 au milieu des années 1960, il laisse à la postérité des classiques du rock : Maybellene et Thirty Days en 1955 ; Roll Over Beethoven en 1956 ; School Days et Rock and Roll Music en 1957. En 1958, année particulièrement féconde, ce sera Sweet Little Sixteen, le fameux Johnny Be Goode, probablement son hymne rock’n roll le plus célèbre, Little Queenie, Back In The USA et Memphis Tennessee en 1959, Bye Bye Johnny en 1960.
Derniers sursauts et non des moindres, Nadine, No Particular Place To Go, You Never Can Tell que la séquence de danse d’Uma Thurman et John Travolta, dans Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarentino, remet à la mode. Bye Bye Chuck et merci !
D’après Le Monde, 19 mars 2017
https://www.youtube.com/watch?v=kT3kCVFFLNg