Un collaborateur qui désire réussir dans son poste et évoluer vers d’autres postes, doit comme on dit, peaufiner son “savoir-être”
Savoir-être signifiant être à l’écoute, chercher à améliorer ses méthodes de travail, apprécier le travail d’équipe, être créatif, être autonome etc. Bref, se comporter intelligemment et en synergie avec ses collègues, ses clients, son manager ou son patron.
On comprend facilement que dans un tel univers paradisiaque, sans perte de temps en conflits inutiles, la productivité du travail puisse s’améliorer. Le problème, c’est qu’en haut de la pyramide, c’est-à-dire du côté des managers, le savoir-être n’est pas toujours là. À moins qu’il ne se définisse tout à fait autrement que pour leurs collaborateurs.
Car dans les entreprises et les administrations, les responsabilités des managers peuvent être tellement stressantes que, s’ils ne sont pas à la hauteur, elles vont stimuler ou aggraver des troubles psychologiques préexistants à leur nomination. Conséquence : les managers dysfonctionnent psychologiquement plus souvent que la moyenne de la population et ont des comportements toxiques et dangereux vis-à-vis de leurs collaborateurs. Les chercheurs (notamment Kets de Vries) ont identifié 4 types de comportements, les plus répandus et les plus toxiques chez les managers.
Le manager narcissique, qui se froisse et se déchaîne à la première critique. Un comportement tout à fait contraire à l’écoute et au travail collaboratif.
Le manager bipolaire, qui souffre de sautes d’humeur répétées et de grande ampleur. En phase dépressive, il peut se mettre à tout vouloir contrôler, à perdre confiance dans ses collaborateurs, tant il redoute que la situation ne tourne à la catastrophe.
Le manager psychopathe qui, par nature, est incapable d’empathie. Manipulateur, il ne se soucie des autres, que si cela peut servir ses intérêts personnels.
Le manager obsessionnel compulsif, souvent extrêmement perfectionniste. Il inhibe son entourage, qui n’ose plus rien entreprendre et qui redoute d’apporter des idées neuves, par crainte de se tromper ou de mal faire.
On comprend alors que le fameux savoir-être d’un collaborateur consiste non seulement à adapter son comportement à son entourage professionnel, mais surtout à supporter, voire à compenser, celui de son manager, dont visiblement le savoir-être n’est pas exigé. Fort heureusement, les chercheurs nous disent comment.
⇒ Flatter un manager narcissique et si la critique est vraiment nécessaire, faire en sorte qu’elle émane de l’équipe tout entière, ou mieux, d’un équivalent hiérarchique du manager, ce que l’on appelle “un pair” du manager.
⇒ Inciter un manager bipolaire à déléguer au maximum (ce qui est plus facile à dire qu’à faire)
⇒ Être très vigilant avec un manager psychopathe, qui va promettre qu’il a compris la critique et qu’il va modifier son comportement en conséquence… ce qui ne sera le plus souvent qu’une manipulation de plus.
⇒ Faire comprendre à un manager obsessionnel compulsif que le mieux est l’ennemi du bien. Ce qui souvent soulage son entourage et lui aussi. Des quatre types de comportement toxiques, celui-ci semble le plus facile à gérer.
Mieux vaut suivre ces conseils, car ces dysfonctionnements sont contagieux. Des équipes et des services entiers, et parfois l’entreprise toute entière, internalisent ces dysfonctionnements qui deviennent alors normaux. Les collaborateurs se retrouvent progressivement contaminés et tous les efforts et l’argent investis pour recruter des collaborateurs “sachant être” sont réduits à néant.
Conseil personnel après plus de 25 ans de conseil en entreprise : Face à un manager toxique, le mieux est de fuir le plus tôt possible en changeant de service ou d’entreprise, car vous risquez d’être contaminé(e) et de vous épuiser jusqu’au burn-out. Car les entreprises recrutent le plus souvent à l’image de leurs patrons…
Reste un mystère : Comment des personnes susceptibles de développer de telles pathologies dans les équipes, peuvent-elles être nommées à des postes d’encadrement ? Et à quoi donc servent les DRH ? “Y a quelque chose qui cloche là-dedans. J’y retourne immédiatement ” aurait dit Boris Vian…