Fuir les personnalités toxiques

Violence psychologique et physique en couple, en famille, à l’école (y compris racket), tyrannie des petits chefs dans les entreprises, les administrations, les associations… Quand les temps sont durs, une foule de harceleurs petits et grands, se réveillent, tels des vampires. Comprendre comment fonctionne le harceleur, permet de l’identifier à temps.

Il avance toujours masqué et ne se dévoile jamais en public. Mais quand il a repéré sa proie, il ne la lâche plus. Enjôleur, compréhensif, attentif, il est par exemple à l’écoute de sa bien-aimée, qui dit-il, est “tout pour lui” ; Il la séduit, se rend indispensable, propose le mariage. La victime est comblée.

Prise au piège, elle ne va pas tarder à déchanter. Il va la manipuler, l’humilier, la dévaloriser, la culpabiliser, la pousser à la plus grande confusion. Le masque est tombé, l’homme qu’elle a épousé est un pervers narcissique, un prédateur.

“La violence des pervers narcissiques repose sur la séduction, l’emprise, la manipulation. Ce sont des vampires qui ont besoin de regonfler leur estime d’eux-mêmes en vidant leur victime de sa substance. On compte parmi ces prédateurs, autant d’hommes que de femmes”

Le pervers narcissique ne supporte pas la générosité, les pensées nobles, tout ce qui est du registre des qualités morales. Il prend plaisir à heurter le sens moral de l’autre ou à le pervertir et à contourner la loi. On en voit de plus en plus.

Le durcissement du monde du travail qui incite à la débrouille et à la triche favorise et valorise ce type de comportement. La perversion morale, c’est-à-dire le fait d’utiliser l’autre comme un objet, est devenue la nouvelle pathologie du siècle.

Elle se souvient “Il était différent des autres, parlait peu, mais s’exprimait très bien, il m’impressionnait par ses propos philosophiques, il me mettait sur un piédestal, il m’envoyait une lettre chaque jour” ; Puis il la coupe de sa famille et une fois sa victime prise au piège, il dévoile son vrai visage : Il la persuade qu’elle n’est rien sans lui, devient odieux, la rabaisse avec des réflexions blessantes, l’insulte, la frappe…

Quand, à bout, elle parle de le quitter, il menace de se tuer avec les enfants, la supplie, lui dit qu’il a besoin d’elle. Tout est de sa faute, lui ne se remet jamais en question. Il la frappe. Mais à l’extérieur, il fait bonne figure, et tout le monde envie ce couple modèle.

Le manipulateur recherche des victimes qui ont un trouble de l’estime de soi, qui ont une forte propension à la culpabilité, qui ont le syndrome du sauveur, c’est-à-dire qui veulent aider à tout prix les autres, ou encore qui souffrent de dépendance affective.

Il se nourrit des émotions négatives de ses victimes : peur, anxiété, tristesse, colère. Il ne supporte pas le bonheur de l’autre et pour le rabaisser et l’humilier, le pousse à la confusion. Une femme manipulatrice va par exemple accuser son mari de n’être jamais là et ne pas l’aider au jardin mais, dans le même temps, lui dire qu’avec ce qu’il gagne, la famille ne peut même pas partir en vacances.

De sorte que, s’il travaille plus pour gagner plus (!) il ne pourra aider sa femme. Et s’il est plus présent à la maison, il ne pourra pas emmener sa famille en vacances… Elle le pousse dans une confusion extrême, qui peut le mener à la dépression et au suicide.

Et la victime passe des années dans le déni, car le manipulateur est capable de tout. Il n’hésite pas à discréditer sa victime auprès du juge pour lui nuire et obtenir la garde des enfants. Il fera passer son épouse pour une déséquilibrée en utilisant des ordonnances d’antidépresseurs.

Dans les entreprises et les administrations, on trouve des tas de petits chefs limite pervers narcissiques, qui se vengent sur leurs collaborateurs de leur médiocre condition et de la pression qu’ils reçoivent de leurs supérieurs. Sans compter le chantage sexuel vis à vis de collaboratrices fragiles et vulnérables.

La taille au-dessus ce sont les MLP, managers légèrement psychopathes. Menteurs chroniques, très peu émotifs, ils sont charmants avec leurs supérieurs, mais odieux avec leurs collaborateurs qu’ils aiment dominer, rabaisser et humilier.

Que faire face au harcèlement ? Comme le pervers se fait un plaisir d’introduire de la confusion dans le discours de sa victime, il ne faut pas chercher à se justifier, mais couper court à tout (faux) dialogue. Les rôles sont alors inversés. La personne, que le manipulateur a isolée de son entourage, aura aussi intérêt à partir le plus vite possible et à renouer avec ses soutiens et ses proches. Et elle devra impérativement faire intervenir un tiers, avocat ou juge.

Deux lois existent, l’une sur le harcèlement moral, l’autre sur la violence psychologique dans le couple, qu’il faut faire appliquer le plus tôt possible et sans état d’âme, en rassemblant le maximum de preuves. Si l’on veut rester en vie…

D’après Martine Laronche, Le Monde, mai 2012. Lire “Le harcèlement moral” de Marie-France Hirigoyen et “Les pervers narcissiques” de Jean-Charles Bouchoux – Association Harcèlement Moral Stop (HMS), Loïc Scoarnec.
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