N‘oublions jamais que la Révolution française est née d’une crise de l’impôt. Les finances du royaume étaient exsangues, grevées par la guerre des Amériques.
Il fallait trouver de l’argent, vite, mais le tiers état, qui était à l’époque le seul contributeur, ne pouvait plus en fournir parce que, d’impôts et de corvées en tout genre, il en avait… jusqu’à la garde.
Toute ressemblance avec la situation actuelle est évidemment fortuite, sauf que les psychodrames à répétition autour d’impôts qui sont censés ne plus augmenter, mais qui augmentent tout de même parce qu’il faut boucher les trous sont une sévère mise en garde : le trop-plein est atteint.
Chaque fois que le gouvernement manque à sa parole, il dévalue le crédit de l’État et, plus grave encore, celui de l’administration fiscale, confrontée à des retournements ubuesque. Par exemple, après avoir envoyé un avis de taxe foncière ou de taxe d’habitation à des retraités modestes, qui n’étaient, jusque-là, pas imposés, elle les invite à ne pas en tenir compte !
Dangereux. D’ici à ce que tous les contribuables la prennent au mot, c’est un vrai risque, car le rejet de l’impôt est désormais massif, dans un pays qui cumule un taux de dépense publique (57 % du produit intérieur brut) et un taux de prélèvements obligatoires (45 %) nettement supérieurs à la moyenne européenne.
Nicolas Sarkozy s’est refusé à admettre qu’il serait obligé de faire, en 2010, 2011 et 2012, l’inverse de ce qu’il avait promis en 2007 : baisser l’impôt. Et lorsque François Hollande s’est fait élire en 2012, il a brandi la taxe à 75 % et a fait croire que seuls les riches paieraient. Cela était évidemment faux, puisque les classes moyennes ont été mises à contribution et que des non-imposés se sont retrouvés de nouveau imposables.
Tous ces non-dits, toutes ces ruses démasquées ont fini par se retourner contre leurs auteurs. Elles ont miné la notion d’impôt citoyen et ont accru le rejet d’un maquis fiscal devenu tellement complexe qu’il semble désormais échapper à ses géniteurs.
Le résultat est que, pour la première fois depuis l’après-guerre, le pouvoir politique est acculé. Il ne peut plus toucher à l’impôt, même pour le réformer, tant la matière est devenue inflammable. Il ne lui reste plus qu’un chemin : tailler dans la dépense publique, et massivement, puisque le retour rapide d’une forte croissance, est aujourd’hui exclu.
Le thème des économies s’est imposé dans la campagne des municipales de 2014, prenant à revers des maires socialistes qui pensaient avoir fait prospérer leur ville. Il a dominé nettement celle des régionales de décembre 2015, confirmant qu’une révolution est en marche car, derrière les économies proclamées, c’est tout le système de l’État-providence qui se trouve aujourd’hui battu en brèche.
Surtout il n’est pas normal que la moitié des ménages soient exemptés d’impôt direct (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, redevance audiovisuelle) ; La déclaration des droits de l’homme de 1789 rappelle “qu’une contribution commune est indispensable. Elle doit être, également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés”
L’inégalité entre ceux qui paient les impôts directs et ceux qui en sont exemptés, ne peut pas durer. La Révolution est en marche…
Finalement, la solution nous la connaissons tous depuis longtemps: dégraisser le mammouth! L’état est le plus grand des gaspilleurs et a fait la preuve de son incompétence à gérer les deniers de notre pays depuis plusieurs décennies. Si nous avions connaissance de tout le gâchis généré par nos “chers” dirigeants, il est permis de penser que cela déclencherait, peut-être, une grève de l’impôt sur le revenu. Il faudra bien, très prochainement, arrêter ce massacre sinon dans les cinq à dix années à venir, nous serons en défaut de paiement, comme la Grèce.