Autrefois, quand on n’arrivait pas à guérir un malade, on lui administrait une bonne purge pour lui nettoyer le sang, l’estomac ou les boyaux. S’il en réchappait, il guérissait.
C’est ce qu’a fait tante Marine, dimanche 25 mai jour de la Sainte Sophie, qui nous a administré sa purge à l’ancienne, pour nous guérir de quelques dangereuses maladies.
Maladie du sens des mots : On affirme que la courbe du chômage s’est inversée, puisque sa hausse s’est ralentie. Toi comprendre ? Et chanter la Marseillaise devient un karaoké… Comme disait Camus, se tromper sur le sens des mots, c’est ajouter au malheur du monde.
Maladie de la pensée magique : Le pacte de responsabilité censé redresser la compétitivité de nos entreprises, c’est comme si c’était fait, puisqu’on le dit. Même si rien n’est prévu pour son application et même si les acteurs sont d’accord sur rien.
Maladie du mensonge : notre bon Président affirme sans sourciller qu’il a réussi, comme il s’y était engagé, à réorienter l’Europe. Vers quoi ? Avec qui ? On ne le saura jamais. Mais puisqu’il vous le dit. “Moi, président…”
Maladie du déni ou refus de voir la réalité en face : Les socialistes veulent réorienter l’Europe sans en avoir le commencement du début des moyens nécessaires… Poussez-vous, je vais faire un malheur à Bruxelles. Allez chercher Angela ! On affirme que les Français veulent rouler à gauche, alors qu’ils n’ont qu’une envie, c’est de rouler à droite. Mais les électeurs dimanche, n’ont sans doute pas tout compris…
Maladie du refuge dans l’abstrait : Au lieu de réformer concrètement l’école, quand les résultats de l’école publique sont d’une médiocrité affligeante, on fait les ABCD de l’égalité. Au fait Vincent Peillon, combien d’électeurs ont voté pour toi dimanche ?
Maladie du discours lénifiant pour rassurer et ne pas faire peur, comme si les Français n’étaient pas capables de comprendre : L’immigration et la sécurité ne sont pas de vrais problèmes. C’est seulement la perception qu’en ont les gens, qui crée les problèmes. Dormez en paix braves gens, le socialisme version Hollande veille sur vous.
Maladie du wishfull thinking et de l’illusion optimiste : Il suffit d’y croire fortement pour que cela se passe comme on le souhaite. La croissance va revenir, c’est une question de confiance. Fermez les yeux et concentrez-vous sur cette vision agréable. Tout va s’arranger.
Maladie de l’obsession égalitaire permanente et tout azimut qui nous déprime et nous rend malheureux, parce qu’elle est sans fin, parce qu’elle est jamais satisfaite et parce qu’elle aboutit à une indifférenciation toujours plus grande qui est angoissante.
Excès maladif d’idéologie et complaisance dans l’intellectualisation qui empêche de prendre les problèmes concrètement à bras le corps et qui conduisent aux inepties des lois sur le Gender made in America, aux délires de l’écologie “politique” (comme si l’écologie était de droite ou de gauche) et au refus de prendre en compte tout ce qui relève des identités et des cultures. Comme si on pouvait être heureux sans se sentir proche d’une identité et d’une culture.
Invocation obsessionnelle de ce qui est “juste” pour justifier tout ce que l’on décide. Mais qu’est-ce qui est juste ? Les intérimaires qui touchent 2 fois moins d’allocations que les intermittents pour la même contribution ? Les familles des cheminots qui voyagent sans payer leurs billets ? Les régimes spéciaux de retraite des fonctionnaires ? Leurs jours de carence quand ils sont absents ? Le fait que certains ne paient aucun impôt, même symbolique ? Le fait que certains travaillent comme des malades, pour gagner à peine plus que d’autres qui vivent sans travailler ?
Pas étonnant si les Français ont le sentiment (désagréable) qu’on les prend pour des zozos et des gogos. Sans compter l’impression d’être soumis à un ordre moral envahissant : Ça c’est bien, ça c’est pas bien ! Fais pas ci, fais pas ça ! Assez ! On étouffe ! De l’air !
Et pour finir, sclérose maladive de la plupart des partis politiques, qui coupés de leurs électeurs, n’ont plus ni conviction, ni ligne politique claire, ni leader. Il ne leur reste que “les affaires” qui sont dévastatrices à droite comme à gauche.
Merci tante Marine d’avoir dynamité tout ce fatras vieillot, vermoulu et pour tout dire infiniment triste. Même si (espérons-le) ton programme simpliste ne sera jamais appliqué. Ce n’est pas ça le plus important. Ce qui compte c’est la bonne purge que tu nous as administrée, à l’ancienne. Et qui commence déjà à produire ses effets…