L’âne et le Président

N‘allez pas croire que notre Président n’a pas de convictions. Il en a beaucoup, mais elles sont contradictoires. Et comme elles ont la même force, il n’arrive pas à choisir, trancher et décider.

Par exemple, il est convaincu qu’il faut relancer la croissance mais il est tout aussi convaincu qu’il faut réduire les inégalités. Quand et dans quel pays a-t-on vu, que l’on peut en même temps accélérer la croissance et diminuer les inégalités : en Allemagne, en Chine, en Grande-Bretagne ?

Il est convaincu qu’il faut réduire les déficits, mais il est tout aussi convaincu qu’il ne faut pas changer le modèle social français, en revoyant les systèmes spéciaux de retraites, les allocations familiales, les indemnités chômage etc. Où a-t-on vu que cela était possible : au Danemark, en Suède, en Norvège, au Canada ?

Il est convaincu qu’il faut dire la vérité aux Français mais il est tout aussi convaincu qu’il ne faut pas leur faire peur. Il est convaincu qu’il doit être ferme, mais il est aussi convaincu qu’il doit être humain et accommodant (Leonarda) ; Il est convaincu que la crise est grave, mais il est tout aussi convaincu qu’il s’agit d’une crise cyclique, que la reprise est au coin de la rue et que tout finira par s’arranger. C’est sans fin…

Notre cher Président est comme l’âne de Buridan (philosophe français, 1340) qui n’a pas pu choisir entre son picotin d’avoine et son seau d’eau, et qui est mort de faim et de soif.

Triste et pauvre âne qui inspira déjà Voltaire il y a 200 ans :

Connaissez-vous cette histoire frivole
D’un certain âne illustre dans l’école ?
Dans l’écurie on vint lui présenter
Pour son dîner deux mesures égales
De même force, à pareils intervalles.
 
Des deux côtés l’âne se vit tenter
Également, et, dressant ses oreilles,
Juste au milieu des deux formes pareilles
De l’équilibre accomplissant les lois,
Mourut de faim, de peur de faire un choix.
 
Voltaire “La pucelle d’Orléans” 1784
Partagez sur :
Ce contenu a été publié dans Coin Philo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à L’âne et le Président

  1. VIALLE Guy dit :

    Toutes ces contradictions ont un inconvénient majeur : la paralysie. En élu de la Corrèze notre cher Président a fait sienne la phrase célèbre d’Henri QUEUILLE : “Il n’est de problème aussi grave soit-il qu’une non décision ne saurait résoudre”. Ainsi après le déni de toutes les évidences pendant la campagne présidentielle, il s’en remet maintenant au surnaturel et aux miracles….

Votre commentaire est attendu