Les abeilles et les frelons

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Après la mort de Christophe de Margerie, patron de Total, brûlé vif dans un Falcon 50 avec deux pilotes et une hôtesse, mardi 21 octobre, dans la nuit de Vnoukovo au sud de Moscou, Gérard Filoche membre du bureau national du parti socialiste, a écrit “Un hommage à l’humain ? Oui. Au suceur de sang ? Non.”

Par-delà la bêtise et l’indécence des propos de cet ancien inspecteur du travail, on pense irrésistiblement à la parabole des abeilles et des frelons.

Dans ce texte fameux de 1816, Saint-Simon écrit :

“Nous supposons que la France perde subitement ses cinquante premiers physiciens, ses cinquante premiers chimistes, ses cinquante premiers physiologistes… et les cents autres personnes de divers états non désignés, les plus capables dans les sciences, dans les beaux-arts et dans les arts et métiers, la nation deviendrait un corps sans âme, à l’instant où elle les perdrait”

“Mais si la France perdait le même jour officiers, ministres, conseillers d’États, nobles et autres parasites, il n’en résulterait aucun mal politique pour l’État”

Saint-Simon voulait dire qu’il y a une nation productive et une nation improductive. Et que le labeur des abeilles est spolié au profit d’une armée de frelons.

Si l’on supprime tous les frelons, les consommateurs non-producteurs, les rentiers et spéculateurs parasites (nous dirions aujourd’hui les fonds spéculatifs), la société se portera aussi bien, sinon mieux. En revanche, si l’on supprime les abeilles, autrement dit la population industrieuse et productrice, la Nation sera menacée.

Appliquée aujourd’hui, la parabole deviendrait : “Supposons que la France perde subitement ses deux cents plus grands chefs d’entreprise et supposons par ailleurs que la France perde subitement deux cents inspecteurs du travail ou deux cents députés PS, la plupart issus de la fonction publique”

“Que se passerait-il ? Dans le premier cas, le pays serait touché au cœur, dans le deuxième cas on s’en apercevrait à peine”

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2 réponses à Les abeilles et les frelons

  1. Pardigon dit :

    Cher Henry et cher poil à gratter,
    Je n’ai rien à ajouter car ton point de vue est exprimé en des mots simples et compréhensibles pour arriver à un résultat. Ton laïus sur “Charlie” relève de l’évidence intelligente… mais comment peut-on raisonner comme certains dont tu relèves les “curiosités” (appelons ça ainsi pour l’instant) de l’esprit ? il y a des domaines qui ne relèvent pas du relatif mais de la claire analyse… quand je pense que ces gens nous ont gouverné, ça fait froid dans le dos (c’est à l’ENA que l’on devient comme ça ???)
    Concernant la pensée de St-Simon (nos Saints Français sont les meilleurs : les 2 Simon et Evremond) j’aurais quand même une attention pour les officiers, ils ont un rôle à jouer, on ne peut pas s’en passer sinon tu te fais envahir… et adieu les trouvailles des savants.

  2. Jean-Marc Fouché dit :

    La réflexion de Saint-Simon, pleine d’enseignement (comme la plupart de ses écrits d’ailleurs) fait ressortir des vérités premières à deux cents ans d’intervalle. Ainsi donc, malgré les siècles qui passent, les problèmes de l’être humain restent identiques. Il est vrai que nous portons les mêmes gènes depuis quelques millions d’année.

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