Un jour de 1995, McArthur Wheeler dévalisa deux banques de Pittsburgh à visage découvert. Même pas peur ! Le soir même, peu de temps après que les images prises par les caméras de surveillance eurent été diffusées, l’homme fut reconnu et arrêté. Quand la police lui montra les enregistrements, Wheeler fut frappé de stupéfaction. ” Pourtant, je portais du jus “, marmonna-t-il…
Apparemment, celui qui se croyait si malin s’était persuadé que le jus de citron, bien pratique pour fabriquer de l’encre invisible, allait aussi rendre son visage indétectable par la vidéosurveillance et s’en était barbouillé la figure.
Si deux psychologues américains de l’université Cornell ont évoqué la mésaventure de Wheeler, en préambule de l’étude qu’ils ont publiée en 99, ce n’est pas parce qu’ils avaient l’intention d’y vérifier les qualités masquantes du jus de citron, mais parce qu’ils souhaitaient comprendre pourquoi les personnes incompétentes, comme l’était ce maladroit détrousseur de banques, peuvent avoir l’impression que leurs mauvaises décisions sont excellentes.
Et pourquoi “l’ignorance engendre plus souvent la confiance que ne le fait la connaissance”, pour reprendre un célèbre constat du grand observateur qu’était Charles Darwin.
Les deux psychologues ont émis l’hypothèse que chez les incompétents existe un biais psychologique qui les pousse à surestimer leurs capacités et leurs performances.
Pour mettre cette idée à l’épreuve, ils ont élaboré plusieurs expériences destinées à tester des cobayes dans des domaines nécessitant un minimum de savoir et de finesse : l’humour, le raisonnement logique et la grammaire. À chaque fois, les participants devaient faire un exercice et auto-évaluer leur prestation. Quel que fût le domaine, les résultats se sont avérés d’une constance remarquable.
Systématiquement, les sujets les moins aptes surestimaient de beaucoup leur capacité à réussir l’épreuve, ainsi que le nombre de questions auxquelles ils avaient répondu juste. À l’inverse, les plus doués des participants avaient tendance à se dévaluer.
Depuis cette étude, ce biais dans l’auto-évaluation des incompétents, cette “surconfiance” qu’ils ont en leurs capacités, porte le nom d’effet Dunning-Kruger.
Les deux chercheurs américains ont désormais, en la personne de leur nouveau président et nous Français en la personne de notre président normal, de très bons sujets pour tester leur théorie. À méditer aussi pour les managers, avant de faire un recrutement ou de décider une promotion…
sujet très intéressant. Je pense tout de même que la majorité des incompétents sont conscient de leurs faiblesses et les que les incompétents sûr d’eux ne représentent qu’une petite partie. En tout cas c’est l’impression que j’ai eu en travaillant dans diverses entreprises.
C’est probablement dans le domaine de l’entreprise et de la politique que l’incompétence sévit le plus. On la croise au coin de la rue tous les jours et, effectivement, plus nos dirigeants sont incompétents plus ils sont sûrs d’eux.