L‘homme moderne descend des chasseurs-cueilleurs, et son potentiel génétique n’a pratiquement pas changé depuis les sociétés paléolithiques. En d’autres termes, l’homme reste programmé génétiquement pour se tenir debout et bouger. Mais si le génome de l’être humain n’a pas changé, son environnement a été bouleversé en peu de temps et l’activité physique quotidienne a diminué d’année en année.
Cette baisse d’activité s’est accélérée dans les années 1970 pour devenir vertigineuse dans les quinze dernières années avec l’apparition du numérique. Insidieusement, l’homme s’est ainsi laissé imposer un environnement totalement désadapté à son potentiel génétique. Et cette désadaptation s’annonce comme dévastatrice malgré les données rassurantes produites par l’OCDE sur l’espérance de vie.
En effet, les personnes incluses dans les statistiques présentées sont les parents ou les grands-parents (nés en 1930-1940) des trentenaires et quadragénaires (nés en 1970-1980) actuels. Ces “survivants” actuels n’ont pas eu à subir, dans leur jeune âge, les méfaits sanitaires de la sédentarité et de l’inactivité physique auxquels leur descendance est confrontée. Rien ne permet donc d’affirmer que l’espérance de vie, en bonne santé des plus jeunes, sera la même que celle de leurs parents.
La sédentarité se définit comme un état d’éveil associé à une dépense énergétique très faible. Le niveau de sédentarité journalier correspond donc aux temps cumulés assis devant un ordinateur, à regarder la télévision… Le temps journalier de sédentarité devient délétère pour la santé lorsqu’il dépasse régulièrement 7 heures.
L’inactivité physique se définit par une quantité d’activité physique, quotidienne ou hebdomadaire, insuffisante pour la santé. Deux mesures sont classiquement retenues pour définir l’inactivité : moins de 30 minutes d’activité physique modérée par jour, ou moins de 10.000 pas quotidiens.
Sédentarité et inactivité physique sont donc deux facteurs de risque différents. On peut être actif (par exemple marcher plus de 30 minutes tous les jours) et sédentaire (plus de 7 heures quotidiennes de position assise). Pendant longtemps, seuls les méfaits de l’inactivité physique ont été soulignés.
Aujourd’hui, les preuves scientifiques des méfaits sanitaires de la sédentarité et de l’inactivité physique sont accablantes. Ainsi, choisir d’avoir un mode de vie sédentaire ou inactif, c’est augmenter son risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et de certains cancers, de diabète et d’hypertension artérielle. Les mécanismes qui favorisent le développement de ces pathologies sont aussi bien expliqués. En bref, il s’agit d’une augmentation des niveaux d’inflammation et de stress oxydant qui encrassent l’organisme.
De récentes applications sur smartphone permettent de mesurer le temps quotidien de sédentarité. L’utilisation du smartphone, nouvel allié de la santé, devrait permettre une santé du futur plus personnalisée et plus préventive. Il devrait donc être possible pour les médecins de travailler sur ces deux facteurs de risque modifiables : sédentarité et inactivité physique.
Il y a là une urgence médicale car à l’échelle française, selon une étude de 2015, près de 80% des personnes âgées de 18 à 64 ans n’effectuent pas les 10.000 pas quotidiens nécessaires à leur santé. L’ensemble du monde de la santé doit informer le public sur les conséquences néfastes de ces facteurs de risque mais également lancer et financer toutes recherches et solutions de changement face à ce véritable tsunami sociétal.