Au moins, la gauche ne manque pas de candidats : Taubira, Hidalgo, Mélenchon, Roussel, Jadot, Arthaud, Montebourg, Larrouturou… C’est le PSG ! Trois joueurs à chaque poste ! Sans compter les remplaçants. Dans les sondages, toutes ces personnalités réunies séduisent à peine 25 % des électeurs.
La conséquence de la “droitisation” du pays ? L’argument est devenu une sorte de prêt-à-penser. Il évite à la gauche de s’interroger sur ses propres faiblesses. Pour comprendre les raisons de l’infortune de cette famille, il faut se plonger dans ses programmes. Chose faite par l’économiste Elie Cohen et le politologue Gérard Grunberg sur le site Telos.
“Nos convergences sont suffisantes pour nous permettre de gouverner ensemble cinq ans” a dit Christiane Taubira. Le comparatif de Cohen et Grunberg montre qu’elles sont en trompe-l’œil : les divergences sont en réalité plus fortes que jamais. Sur les retraites, la laïcité, le nucléaire, les enseignants, les institutions et la vision géopolitique, non seulement les gauches ne pensent pas de la même manière, mais c’est la vision la plus radicale qui prend le dessus sur tous les sujets. Nous avons la gauche la plus à gauche d’Europe.
Témoin le programme de la plateforme citoyenne à laquelle tout candidat doit souscrire pour participer à la primaire populaire. Selon Grunberg et Cohen, celui-ci ne prévoit rien de moins qu’une “nationalisation du revenu de tous les résidents sur le territoire français” et, dans les entreprises, vise à imposer l’autogestion et la cogestion. La réduction du temps de travail y est érigée en dogme. Seules les modalités pour y parvenir varient : semaine de quatre jours, 32 heures, retraite à 60 ans…
Démagogie et immaturité. Mélenchon peut bien promettre le retour à la retraite à 60 ans après 37,5 ans de cotisation : il défend une position de principe. Mais Anne Hidalgo, qui appartient à un parti de gouvernement, censé avoir tiré les leçons du pouvoir, peut-elle raisonnablement promettre le doublement du salaire des enseignants ?
La gauche est lancée dans une course folle. C’est à qui accouchera du programme le moins applicable. Elle croit avoir un problème de casting et de stratégie. Mais ne voit-elle pas que ce sont ses propositions irréalistes qui font fuir les Français ? Toujours prompte à dénoncer les “dérapages” de ses adversaires, c’est elle qui dérape et fonce tout droit dans le précipice.