À Tokyo, dans le pavillon des arts martiaux du sanctuaire Meiji (dédié à l’empereur qui eut la lucidité et le courage d’ouvrir le Japon au monde vers 1870), une salle est spécialement aménagée pour le tir à l’arc.
Les trois cibles en plein air sont surmontées d’un long dais violet qui s’harmonise l’automne venu, avec les couleurs du parc.
Les maîtres venus de tout l’archipel, s’y entraînent en cherchant à parfaire leurs gestes. En faisant cela, ils parviennent à se décentrer du résultat à obtenir, ce qui les rend moins contractés et moins tendus.
C’est cela le secret de l’archer zen : Pour atteindre le cœur de sa cible, l’archer doit réussir à se détendre en faisant un lâcher prise mental.
Être concentré et détendu en même temps, voila la clef : “On savait qu’il fallait être concentrés et aussi décontractés” disait Didier Deschamps capitaine de l’équipe de France de foot, championne du monde 1998.
“Ma volonté est d’atteindre la perfection du geste, sans jamais mettre un résultat derrière cette volonté. Mon classement j’y pense après avoir tiré la dernière balle” disait Franck Dumoulin, champion olympique 2000 du tir au pistolet.
“Je m’étais organisé pour avoir toujours à l’esprit la notion de plaisir, pour ne pas me laisser gagner par la peur de perdre et d’autres pensées parasites” disait Stéphane Diagana, premier champion du monde masculin français d’athlétisme (100 m. haies)
“Tout athlète est composé de deux personnages : le maître et l’artiste. Le premier analyse et évalue les conséquences, le second est créatif, joueur et spontané. Important à l’entraînement le maître se révèle nuisible le jour de la compétition. Quand le maître prend la barre, le corps est tendu, et crispé. Il se relâche quand l’artiste prend les commandes”¹
On sait qu’en compétition, un nageur qui évalue sa situation en regardant les lignes d’eau voisines perd en efficacité. Et les golfeurs savent que viser une zone plus large que le trou, par exemple de la taille d’une baignoire, supprime une trop grande tension et les rend plus efficaces. “Il faut se concentrer sur la zone et ne pas se fixer sur le cochonnet” (Bruno Le Boursicaud quadruple champion du monde de pétanque)
“Il s’agit de focaliser son attention sur les moyens à mettre en œuvre pour être performant plutôt que sur la victoire elle-même, car l’enjeu lié à la victoire peut être anxiogène et extrêmement inhibant” ajoute un psychologue du sport.
On n’aboutit à rien quand on est trop tendu : On a peu de résultats, on s’épuise et on épuise les autres. Cela peut provoquer des désastres en couple et en famille. Pour parvenir à être à la fois concentré et détendu, travailler sa respiration est essentiel. Elle doit être ample et régulière avec de longues expirations. On peut s’aider en courant ou en faisant du yoga.
Sois comme l’archer zen, concentré et détendu quand tu dois l’être, et entraîne-toi à maîtriser ta respiration en ralentissant tes inspirations et en accentuant tes expirations. Tu te donneras alors toutes les chances de gagner, en compétition, en négociation, en entretien, en soutenance, en entreprise, en famille…