Un enfant ne sait pas ce qu’il ressent jusqu’à ce qu’on le lui apprenne, car les zones corticales supérieures du cerveau qui lui permettraient de mettre des mots sur ce qu’il vit, ne sont pas encore construites.
Il faut donc lui apprendre très tôt à exprimer ses émotions, à les identifier, à les nommer correctement pour qu’il les accepte et qu’il puisse communiquer sur elles. L’enfant se sentira alors en sécurité et il pourra commencer à s’épanouir.
Par exemple, pour un petit enfant : “Quand tu es triste, c’est comment dans ton corps ? Montre-moi où ?” “Et quand tu es en colère ?” “Et quand tu as peur ?” Les enfants font très vite la distinction entre ces trois émotions.
Les régions du corps varient selon chaque enfant mais elles se situent toujours au niveau du ventre, de la gorge, de la poitrine. Pour l’un, la peur se situera dans le ventre, pour un autre plutôt dans la poitrine, pour un autre plutôt dans la gorge.
Mais il s’agit d’écouter vraiment l’enfant, sans le juger, sans le conseiller (“Il faut dormir pour que tu sois en forme demain…”) sans le diriger, simplement en accueillant son émotion et en l’aidant à mettre des mots sur ce qu’il vit.
Et en évitant la question pourquoi (“pourquoi tu as peur ?”) car elle incite l’enfant à réfléchir alors qu’il n’en est pas encore là. Il a besoin d’exprimer son émotion, pas d’en parler, encore moins d’essayer de l’expliquer. Dire tout simplement “Tu as peur, très peur, c’est ça ? Moi aussi j’avais peur la nuit quand j’étais petit”
Un enfant doit pouvoir dire sa colère tout en comprenant que l’on ne lui cédera pas sur tout et qu’il devra respecter les limites qui lui sont fixées. Il doit aussi pouvoir dire sa peur ou sa tristesse pour être rassuré et réconforté. Si son émotion est niée, il finira par se résigner, il la niera, la remplacera par une autre ou il continuera à la refouler.
Jusqu’au jour où la coupe débordera en faisant beaucoup de dégâts. Devenu adulte, il suffira d’un tout petit événement pour que des émotions normales comme la colère, la tristesse et la peur se transforment en angoisse, désespoir, rage, violence, haine…
Les émotions sont intimement liées à des besoins. Par exemple, quand un enfant tape sa maman, c’est sa manière à lui de montrer qu’il a besoin de contacts avec elle ou qu’il a besoin d’être rassuré car il a peur qu’elle parte.
Lorsque nos besoins sont satisfaits nous nous sentons gais, détendus, apaisés, réjouis, rassurés, attendris, fiers, inspirés, optimistes, sereins, attentifs… Lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits, nous pouvons nous sentir frustrés, abattus, anxieux, fâchés, excédés, démoralisé, déprimés, écœurés, choqués, impuissants, jaloux, coupables…
Si un enfant ou un adolescent boude, provoque, agresse, manifeste sa mauvaise humeur, se replie et s’isole, c’est qu’il a un ou plusieurs besoins qui sont ignorés. Il faut prendre l’habitude de lui faire dire “Je me sens… parce que j’ai besoin de… ”
Car les émotions refoulées créent des tensions qui s’accumulent dans le corps. Quand l’enfant n’a pas appris à exprimer ses émotions très tôt, il peut se retrouver à l’adolescence avec des angines à répétition, des maux de dos, de gorge, de tête, de ventre, des allergies, des maladies psychosomatiques qui peuvent aller jusqu’à la scarification chez certains ados. La somatisation extrême étant l’anorexie mentale des adolescentes qui contrôlent de façon permanente leurs émotions.
Et il faut en finir avec des expressions dangereuses que l’on utilise sans réfléchir et qui poussent les enfants à refouler leurs émotions comme : “Un garçon ne pleure pas” “T’es pas belle quand tu pleures” “Tu pleures pour rien” “Une grande fille comme toi !” “Ce n’est rien, tu n’as pas mal” “Tu verras quand tu seras grand” “C’est pas grave” ; Et la pire de toutes “C’est l’âge bête”
Si l’enfant a pris l’habitude d’exprimer ses émotions, il communiquera de façon naturelle et authentique avec ses parents et avec les autres. Et à l’adolescence, il continuera à leur parler cœur à cœur et en toute confiance.
Mais si des parents alexithymiques (robots sans âme) ont pris l’habitude de ne pas exprimer leurs émotions entre eux et avec lui, alors les problèmes inévitables arriveront tôt ou tard. Et ils viendront des parents, pas des enfants. Et que ces parents ne s’étonnent pas qu’un jour, les enfants devenus grands ne viennent plus les voir, alors qu’ils ont “tout fait pour eux…”
Très intéressant et merci pour l’indication livre….!
Ping : Ressources pour parents
Ping : La nouvelle littérature pour enfants
Magnifique article qui résume beaucoup de bonnes littératures sur le sujet (“Parler aux enfants pour qu’ils écoutent, écouter les enfants pour qu’ils parlent” ou encore “Les enfants viennent du Paradis”). je suis 100% d’accord avec ce mode d’apprentissage même si la tâche semble ardue. Les résultats, par contre, sont époustouflants!
Tout à fait, j’y pensais justement.
A ce propos, lire l’excellent ouvrage de Isabelle Filliozat
“Au cœur des émotions de l’enfant, Comprendre son langage, ses rires et ses pleurs”