Nos expériences et nos émotions (ce que j’ai ressenti quand j’étais amoureuse, la colère devant mon patron…) bâtissent notre esprit, comme ce que nous mangeons bâtit notre corps.
Mais il y a un problème : Notre cerveau, pour nous permettre d’être sur nos gardes, a été façonné pour enregistrer, stocker et se rappeler surtout des expériences négatives. Il agit comme du Velcro sur les expériences négatives qu’il attire et comme du Téflon sur les expériences positives qu’il néglige.
Et donc même lorsque les expériences heureuses sont plus nombreuses, la pile de souvenirs négatifs grossit plus vite et nous incline naturellement à la morosité et au pessimisme.
Bien entendu, les expériences négatives ont leur intérêt : la perte et le deuil ouvrent le cœur, le remords sert de boussole morale, l’anxiété met en garde contre les dangers, la colère souligne les torts qui doivent être redressés…
La solution n’est donc pas d’éliminer les expériences négatives, mais plutôt d’encourager les expériences positives et en particulier de nous en imprégner, afin que dans notre cerveau, elles passent devant les expériences négatives.
Pour s’imprégner de ce qui est bon et positif, il faut commencer par transformer les faits positifs en expériences positives. Il y a plein de choses positives autour de nous, mais la plupart du temps nous ne les remarquons pas ou nous les ressentons à peine. Quelqu’un se montre agréable, une fleur s’ouvre, nous venons à bout d’un projet difficile, nous percevons en nous une qualité remarquable, mais tout glisse et passe sans nous atteindre, car nous n’y sommes pas suffisamment attentifs.
Recherchons activement les bonnes nouvelles, en particulier les petites choses de la vie quotidienne comme le sourire d’un enfant, le vol d’un papillon, l’odeur d’une orange, le souvenir de vacances heureuses, un succès et une victoire au travail… Quels que soient les faits positifs, portons-leur une attention consciente et laissons-les nous toucher. Imaginons-nous face à un banquet et ne nous contentons pas de regarder, allons-y, régalons-nous !
Il faut ensuite savourer l’expérience positive, en la faisant durer et en l’appréciant pendant 5, 10, 20 secondes… Ne laissons pas notre attention s’envoler vers autre chose. Plus nous maintiendrons cette expérience dans la conscience, plus elle sera stimulante sur le plan émotionnel et plus elle laissera une trace profonde dans notre mémoire.
Focalisons-nous surtout sur nos émotions et sur nos sensations corporelles, puisqu’elles sont l’essence de la mémoire. Laissons l’expérience remplir notre corps et s’intensifier. Par exemple, si quelqu’un se montre sympa envers nous, laissons cette sensation réchauffer notre poitrine. Sentons l’expérience pénétrer dans notre corps et dans notre esprit, comme l’eau dans une éponge et comme la chaleur du soleil dans notre dos.
Et ces bienfaits s’appliquent aussi aux enfants. S’imprégner du positif est particulièrement intéressant pour les plus actifs et les plus anxieux d’entre eux. Car les enfants qui débordent d’énergie passent souvent à autre chose, avant que les sentiments positifs n’aient le temps de se consolider dans leur cerveau. Et les plus anxieux ont tendance à ignorer ou à minimiser les bonnes nouvelles.
Par exemple, quels que soient leurs tempéraments, encourageons-les à faire une pause à la fin de la journée pour se rappeler de ce qui s’est bien passé et pour penser à des choses ou à des êtres qui les ont rendus heureux (un chat, un lapin, un chien, un compliment de la maîtresse, une victoire des bleus…) puis laissons-les s’imprégner de ces sentiments et de ces pensées positives.
Il est bon de s’imprégner du bon. C’est un remarquable moyen de développer les émotions positives, qui ont d’innombrables bienfaits sur notre santé physique et mentale. Surtout par les temps qui courent…