En général et sauf divine surprise, la communication avec les ados est difficile. Il vaut mieux en prendre son parti et se contenter de parler le plus légèrement possible. En attendant que les nuages passent. Car l’adolescence est l’âge de toutes les interrogations et de toutes les angoisses. Où aller ? Avec qui ? Pourquoi ? Comment ? Vais-je y arriver ?… Voudrions-nous vraiment revivre notre adolescence ?
C’est l’âge d’opposition maximale aux parents, parce que s’opposer est le moyen le plus simple de montrer ce que l’on ne veut plus et de tenter de trouver ce que l’on cherche. L’adolescence est aussi l’art d’en dire le moins possible aux parents, parce qu’il n’est pas facile de parler de ce qui arrive pour la première fois et aussi parce que ne rien dire de ses activités est un moyen de se détacher des parents, démarche indispensable pour devenir autonome.
Si un adolescent racontait en détail à son père ou à sa mère ce qu’il a fait pendant la journée, ce qu’il a en tête et ce qu’il désire, c’est qu’il continuerait à faire l’enfant. Et bien entendu, les ados en disent le moins possible sur ce qui leur tient le plus à cœur. D’où le désarroi des parents et les conflits.
Une difficulté particulière est que parents et ados ne sont pas sur le même registre de communication. Celui de la rationalité pour les parents, celui du ressenti et des émotions pour les jeunes. Et pour les parents, la rationalité c’est toujours ce qui fâche, à commencer par les décibels, le désordre et le travail au collège ou au lycée.
Une autre difficulté est que l’expérience des parents a peu de signification aux yeux d’un adolescent qui cherche sa voie. Rien ne peut exaspérer davantage un ado que d’entendre le cortège de conseils venant des parents. Conséquence, la plupart des jeunes rencontrent des difficultés de communication, notamment avec leur père qui reste souvent plus difficile d’accès. Comment gérer tout ça ?
D’abord faire un travail sur soi en se rappelant ce que l’on craignait, ce que l’on ressentait, ce que l’on espérait, quand on était soi-même adolescent. Ensuite, ne pas chercher à communiquer vraiment et à dialoguer, car il y a trop de paramètres. Il est bien plus efficace d’être le plus neutre et le plus discret possible, tout en restant disponible et prêt à répondre à la demande quand elle sera là.
Il faut mettre de la légèreté dans la communication et en cas d’attaque lancée le plus souvent le soir à table, pratiquer l’amortissement humoristique « Attention, torpille n°2 sur cible dans 2 secondes… » ; Car même s’ils ne le montrent pas dans l’instant, les ados sont très sensibles à l’humour, parce que l’humour les décentre de leurs angoisses et les rassure. Surtout, dès que l’on est englué dans un désaccord ou un conflit, s’efforcer de pratiquer le décentrage, qui consiste à changer de sujet et à parler d’autre chose, notamment d’écologie ou d’humanitaire qui font un carton chez les jeunes.
Et un jour, au moment où nous nous y attendrons le moins, elle ou il viendra nous parler de son groupe de danse orientale, de hip-hop ou de rock. Nous pourrons alors commencer enfin à dialoguer.
Une reflexion très juste sur ce que l’on peut appeler le conflit des générations.
La génération des 50-60 ans a connu, pour la plupart la quasi non communication de certains sujets avec la génération précédente. Sujets dits tabous. Résultat, on ne se confiait presque pas. Des problèmes ? Quels problèmes ? Est-ce qu’on avait des problèmes ? Mais non bien sûr, ça n’aurait pas été de bon ton, voyons! …..et pourtant nous avions nos craintes, nos interrogations et nos angoisses nous aussi. L’avons-nous oublié pour ne pas comprendre que nos jeunes puissent en avoir dans un monde où règnent l’insécurité économique, sexuelle, où le chômage effraie car il les touche de près ? Les angoisses sont toujours là et les parents actuels veulent parfois en faire trop alors que les nôtres n’en faisaient pas assez, j’entends sur le plan de la communication.
Faire trop copain-copain n’est pas la bonne solution non plus. Je reste persuadée que chacun doit rester à sa place, tenir son rôle. Celui de parent n’est pas simple, mais celui des ados non plus.
Alors si l’humour peut être d’un grand secours, tant mieux ! Mais il faut savoir être à l’écoute et savoir se taire. Les “il faut, ne faut pas” les ” je t’avais prévenu” ou “je te l’avais dit”, les ” à ton âge, je faisais déjà ci ou çà…” ne contribuent qu’à creuser le fossé.
Essayer de trouver des centres d’intérêt communs, partager des activités communes aident au rapprochement et au dialogue. Montrer et prouver son amour pour son enfant, le lui dire si on peut, le plus souvent possible, bien que le regard suffise parfois à faire passer des émotions. Instaurer un climat de confiance et surtout leur apprendre le respect de soi et de l’autre. C’est à dire se montrer respectable et respecter son enfant dans sa façon de penser, de s’habiller (n’oublions pas qu’il a besoin de ne pas être différent des copains). Respecter son avis sans imposer le nôtre, ce qui n’excut pas d’exprimer aussi notre opinion. Ne pas crier, ça ne rime à rien de parler en hurlant. Ca ne fait qu’entrainer un climat de violence. Avec de la douceur, les messages passent mieux.
Malgré tout, nous faisons tous des erreurs et le parfait n’existant pas, nous avons tous nos faiblesses. Encore faut-il savoir les reconnaitre et savoir s’excuser. Encore faut-il savoir pardonner et aimer tout simplement. Tout ceci n’est que le fruit d’expériences personnelles et n’engagent que moi.