Voila une étrange croyance qui renvoie à une attitude souvent infantile face aux réalités. La pensée positive consiste à se convaincre qu’un but est facilement accessible, si on y croit avec assez de concentration et de sincérité. Le mieux adviendra si l’on y croit vraiment.
Et il suffit de positiver pour que les choses se passent comme on souhaite qu’elles se passent. Par exemple, on croit qu’il suffit d’être motivé pour réussir tout ce que l’on entreprend, ou de se convaincre que la violence n’existe pas, pour ne pas se faire tabasser dans une rame de métro.
La pensée positive refuse de considérer les conséquences négatives, de peur que leur évocation ne conduise à un comportement d’échec, un peu comme une amulette vaudoue. Aux USA cela commence au berceau. A peine ont-ils ouvert les yeux, que les enfants américains s’entendent décerner des félicitations générales. Toute leur scolarité est jalonnée des mêmes encouragements “Good job” et nul ne s’aviserait par exemple, de les culpabiliser sur l’orthographe.
Vive l’optimisme, l’esprit entreprenant, la bouteille à moitié pleine, la créativité, les promesses plutôt que les difficultés ! Demain sera meilleur qu’aujourd’hui, si l’on y croit.
Des entreprises vont jusqu’à mettre au point, avec l’aide de gourous spécialisés, des méthodes instituant l’optimisme et la bonne humeur, promouvant discours et événements joyeux. Les moins optimistes devront subir des séances personnalisées de remise en ordre.
Et chacun se met à penser que pour décrocher un bon job, la recette consiste à être optimiste. Le simple fait d’être persuadé de pouvoir assumer financièrement un emprunt immobilier revient à en avoir les moyens. Il suffit de croire que la crise est derrière nous, pour qu’elle le soit etc.
Chez nous, on parle de méthode Coué (il était pharmacien). Mais si la pensée positive peut nous aider dans certaines situations (par exemple pour tirer les leçons d’un échec ou voir l’opportunité derrière la menace), elle est dangereuse et aboutit à des désastres quand elle devient une idéologie et une manière de vivre.
Elle explique par exemple, les déboires de l’invasion de l’Irak, la fuite en avant sur les produits financiers en 2008 et aussi pourquoi les américains ont épargné si peu et dépensé autant, jusqu’à la catastrophe de 2009. Et encore pourquoi les Grecs ont cru qu’il suffisait de se croire riches, pour être riches…
La pensée positive, c’est l’illusion puérile de la toute-puissance, un peu comme ces enfants qui disent “Mon papa, il peut soulever une montagne” ; Etre ni trop optimiste, ni trop pessimiste, voila la clef. Rien ne remplace la lucidité. Merci Camus !
Bravo Henry,
Après lecture de ton article, j’ai l’impression de me sentir tout de suite mieux !!
Hop et ça repart ! Comment l’expliquer ????? Kathleen