Les “biais cognitifs” sont des mécanismes de pensée automatiques et inconscients qui faussent le jugement et conduisent à une appréciation fausse de la réalité. Ils empêchent d’être lucides, de s’adapter, de s’améliorer et de faire les bons choix de vie.
Quand ils sont trop forts, ces biais aboutissent souvent à des désastres, au travail, en famille, en politique. Voici les principaux biais dont il faut nous méfier.
• Le biais d’aveuglement : Je ne comprends pas ce qui se passe, je n’en saisis pas la cause profonde. Je refuse de voir la réalité en face et j’ignore les informations qui me déplaisent. Je suis à côté de la plaque et je vais prendre des risques sans même m’en rendre compte. Par exemple, ma femme est déprimée et je ne comprends pas que j’en suis la vraie cause (manque d’attention et d’écoute) ; Ou je pousse ma fille à faire une prépa sans comprendre qu’elle désire s’épanouir dans quelque chose de complètement différent (faire du théâtre)
• Ce biais d’aveuglement est le père et le parrain de tous les autres biais. Par exemple le biais de crédulité : Je suis platiste et je suis persuadé comme 10% des Français que la terre est plate, en dépit de toutes les preuves scientifiques et le biais d’entêtement : Je refuse de m’être trompé, d’avoir fourni des efforts pour rien, d’avoir dépensé de l’argent pour rien, d’avoir perdu du temps (par exemple, j’attends le bus depuis 25 minutes et je me dis que je ne peux pas abandonner maintenant, donc j’attends encore)
• Le biais de confirmation : Je cherche et je retiens en priorité les informations qui vont dans le sens de ce que je crois déjà. Par exemple, je crois aux voyantes et dans tout ce qu’elles disent, je vais retenir ce qui colle avec ma vie. Ou je suis millénariste et je vois des signes de la fin des temps partout. Ou encore je suis obsédé par les inégalités et je vais voir, grossir et retenir tout ce qui reflète les inégalités (Piketty).
• Le biais d’attention : Je raisonne en fonction d’informations immédiatement disponibles dans ma mémoire (par ex. des souvenirs d’événements saisissants) qui me font surestimer certains évènements. Par exemple je retiens, parce que j’en ai peur, les crashs d’avion et les attaques de requins qui font la une des journaux, mais pas les accidents de voitures, les accidents domestiques et les erreurs médicales qui tuent pourtant beaucoup plus de monde.
• Le biais d’intention : Je crois qu’il y a une intention cachée et malveillante derrière chaque événement. C’est le royaume des complotistes. Par exemple, je suis convaincu que derrière l’attentat des Twin Towers de 2001, il y a la main de la CIA ou que l’élection de Macron en 2017 a été voulue et mise en œuvre par le Grand Capital.
• Le biais de causalité, petit frère du biais d’intention : Je crois que deux événements qui arrivent en même temps sont forcément liés par une relation de cause à effet. Par exemple après l’attentat de Strasbourg d’oct. 2019, la présence de gilets jaunes m’a fait penser qu’ils étaient la cause de l’attentat alors que ce n’était qu’une simple coïncidence.
• Le biais d’autocomplaisance : J’ai une tendance narcissique. Je crois que je suis plus compétent, plus intelligent et plus objectif que les autres, que mes réussites sont dues à mes seuls talents et que mes échecs sont dus à des causes extérieures. J’ai tendance à croire que je sais déjà et à ignorer les faits nouveaux. Je refuse de sortir de ma zone de confort et j’évite de me confronter à des gens qui vont me remettre en question.
Il faut mettre au clair ces mécanismes de pensée, dans son entourage professionnel, familial, nous-mêmes et nous demander : Pourquoi tenons-nous autant à ces biais ? D’où viennent-ils ? Que révèlent-ils au fond ? Que faire pour mieux les maîtriser ?